L'avion Solar Impulse 2 a atterri lundi soir sans encombre au Sultanat d'Oman, première étape de sa tentative du tour du monde sans carburant, a constaté un photographe de l'AFP.

L'appareil révolutionnaire à énergie uniquement solaire a mis 13 heures et deux minutes pour relier Abou Dhabi, capitale des Émirats arabes unis, à Mascate, capitale du Sultanat d'Oman.

C'est le Suisse André Borschberg qui était aux commandes de l'avion pour cette première étape. Son compatriote Bertrand Piccard doit le relayer pour la suivante, entre Mascate et Ahmedabad, en Inde, prévue mardi.

L'avion avait décollé à 22H12 hier (heure de l'Est) d'Abou Dhabi et il a atterri à 11h14 (heure de l'Est) à Mascate.

L'avion, baptisé SI2, est propulsé par plus de 17 000 cellules solaires tapissant des ailes de 72 mètres, soit presque aussi longues que celles d'un Airbus A380.

Mais le SI2, conçu en fibre de carbone, ne pèse que 2,5 tonnes -- autant qu'un 4X4 familial, soit moins de 1% du poids de l'A380.

Le tour du monde, prévu en 12 étapes, est l'aboutissement de 12 années de recherches menées par MM. Borschberg et Piccard qui, outre l'exploit scientifique, cherchent à véhiculer un message politique.

«Nous voulons partager notre vision d'un avenir propre», a déclaré avant le départ M. Piccard, en soulignant que cette mission devait contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique par la promotion de «nouvelles technologies vertes».

Une aventure historique

«L'aventure a commencé», a lancé avec émotion Bertrand Piccard, alors que son compatriote André Borschberg, aux commandes pour la première étape, s'envolait de la capitale des Émirats arabes unis.

L'avion doit repartir mardi pour Ahmedabad (ouest de l'Inde), l'étape suivante.

«Le défi à venir est réel pour moi et pour l'appareil», a déclaré M. Borschberg, âgé de 63 ans, avant de s'installer dans le cockpit de l'avion monoplace.

Les deux pilotes en combinaison orange ont effectué les dernières inspections de nuit et l'avion est parti sous les applaudissements de leurs épouses et de toute l'équipe de Solar Impulse 2.

Le décollage, prévu initialement samedi, a été retardé en raison de vents forts ayant soufflé sur la région.

Lundi, l'appareil est parti avec 42 minutes de retard sur l'horaire prévu. «Une alarme s'était allumée en raison d'un problème de connecteur», a précisé Bertrand Piccard.

C'est avant tout «un défi humain», a souligné André Borschberg.

Le tour du monde en 12 étapes est l'aboutissement de 12 années de recherches menées par MM. Borschberg et Piccard qui, outre l'exploit scientifique, cherchent à véhiculer un message politique.

«Nous voulons partager notre vision d'un avenir propre», a déclaré M. Piccard, en soulignant que cette mission devait contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique par la promotion de «nouvelles technologies vertes».

L'idée de voler grâce à la seule énergie solaire avait initialement été la risée de l'industrie aéronautique.

M. Piccard, descendant d'une dynastie de scientifiques-aventuriers suisses, a accompli le premier tour du monde en ballon sans escale en 1999.

Les cellules solaires fournissent, via des batteries au lithium, de l'énergie à quatre moteurs électriques à hélice.

Survol de deux océans

Au total, l'appareil parcourra 35 000 kilomètres, à une vitesse relativement modeste (entre 50 et 100 km/h), en survolant deux océans, et cette circonvolution, à 8500 mètres d'altitude au maximum, prendra cinq mois, dont 25 jours de vol effectif, avant un retour à Abou Dhabi fin juillet/début août.

C'est M. Piccard qui sera aux commandes quand l'avion atterrira de nouveau aux Émirats.

Après Oman et l'Inde, la Birmanie sera la destination suivante, avant la plus longue étape du trajet: cinq jours consécutifs de vol pour un seul pilote chargé de rallier Nankin, en Chine, à l'archipel américain d'Hawaï, dans le Pacifique.

Ensuite, SI2 survolera les États-Unis, avec notamment une étape à New-York, puis traversera l'Atlantique, avec un arrêt prévu soit en Europe du Sud, soit en Afrique du Nord, avant le retour à Abou Dhabi.

Le cockpit est confortable, mais le pilote reste immobilisé dans son siège: «on fait ses besoins, on se lave avec des lingettes, on mange et on boit», a expliqué M. Piccard.

Et d'ajouter: «on peut incliner le siège pour se reposer. Et là, on se met en pilotage automatique, tout en gardant le contrôle de l'avion et en restant en contact avec les contrôleurs aériens au centre de (la mission à) Monaco», a-t-il dit.

Il a indiqué que le public pouvait «suivre en direct tout ce que nous faisons dans le cockpit» et au centre de Monaco sur le site actif «solarimpulse.com».

Au total, 130 personnes participent à l'aventure: 65 accompagneront les pilotes autour du monde (dans le cadre de l'appui logistique) et 65 autres seront à Monaco, au centre de contrôle de la mission (météorologues, contrôleurs aériens et ingénieurs).

Solar Impulse 2 est le successeur du premier prototype Solar Impulse 1, qui a permis aux concepteurs du projet de faire plusieurs vols de longue durée en Europe, au Maroc et de traverser les États-Unis en 2013 avec plusieurs escales, faisant d'eux les premiers à accomplir un tel exploit.