Devenus moins chers grâce aux techniques de miniaturisation, les drones se multiplient de manière exponentielle sur les terrains civil et militaire, selon le rapport annuel de l'Institut international d'études stratégiques (IISS) sur l'équilibre des forces dans le monde, publié mercredi.

Les barrières technologiques tombent les unes après les autres, de sorte que ces appareils sans pilote deviennent accessibles à un nombre croissant de pays et ne sont plus réservés aux seules forces armées de l'Ouest.

«On en verra de plus en plus. Les drones vont proliférer, que ce soit le petit engin démontable qu'on peut mettre dans son sac-à-dos ou l'appareil de combat à puissance de frappe maximale», a résumé Doug Barrie, expert en aéronautique militaire de l'institut, en présentant le rapport lourd de 500 pages à Londres.

Sur le plan militaire, toutes les grandes puissances tentent de rattraper leur retard sur l'armée américaine qui domine le marché avec son Global Hawk ou le Northrop Grumann X-47B. Ce dernier s'est même posé pour la première fois sur un porte-avions l'été dernier.

Plusieurs pays européens veulent développer des drones MALE (moyenne altitude, longue endurance) et vendredi le Premier ministre britannique David Cameron et le président français François Hollande se sont entendus sur le projet d'un appareil de combat sans pilote franco-britannique.

La Chine, qui continue à s'armer à l'image de toute l'Asie (dépenses militaires en hausse de 11,6% entre 2010 et 2013 selon le rapport de l'IISS), a fait voler en novembre son premier drone de combat furtif.

Inspiré du X-47B américain, l'engin baptisé «Lijian» («Epée effilée») a effectué un vol d'une vingtaine de minutes sous l'oeil des caméras.

Bref, «il y a peu de doute que l'avenir des drones dans le futur arsenal des armées les plus puissantes est assuré», souligne le rapport de l'IISS. Qui reste prudent lorsqu'il s'agit de mesurer à quel point les drones, aujourd'hui complémentaires des moyens traditionnels, pourront se substituer aux avions avec pilote.

Selon Doug Barrie, «on est un peu revenu» sur l'idée que les drones robotisés puissent prendre complètement le relais. «On devrait voir les deux cohabiter pendant un bon bout de temps encore», a-t-il ajouté.

D'autant que la prolifération de drones de combat s'accompagne de nombreuses questions éthiques et légales: savoir si une attaque de drone peut entrer dans le cadre de la légitime défense et si elle peut être considérée comme une réponse proportionnée à celle d'un individu est au centre des débats, relève l'IISS.

Une autre question porte sur la possible utilisation de drones de combat entièrement robotisés et autonomes. «La perspective de voir une action létale décidée par une machine restera un seuil que les législateurs et l'opinion publique seront réticents à franchir», avance le rapport.

Et ce même si le public est amené à s'habituer de plus en plus aux drones dans les airs puisque leur miniaturisation les rend abordables aussi pour les entreprises ou même de simples particuliers, note l'IISS.

En décembre dernier, alors que les États-Unis venaient de commencer à tester les drones commerciaux, le géant américain du commerce en ligne Amazon a annoncé qu'il projetait d'utiliser dès 2015 des mini-drones pour acheminer de petits colis chez ses clients.

Des drones légers peuvent être utilisés à des fins de cartographie, de surveillance des lignes de chemin de fer ou encore dans l'agriculture.

Ils peuvent également servir dans la lutte antiterroriste, à contrôler les frontières et la population, ce qui peut poser d'autres problèmes, comme le respect de la vie privée.

Preuve des multiples possibilités d'utilisation du drone, l'Agence européenne de Défense a été chargée d'un programme commun de recherche sur le développement du double usage des engins, c'est-à-dire à la fois militaire et civil.