Comme dans un couple, la cohabitation entre un animal et sa plante hôte peut être émaillée de conflits et même de règlements de compte: c'est ce qu'a montré une équipe française en observant les relations entre une fourmi de Guyane et une plante de sous-bois.

Il existe dans la nature de nombreuses formes de cohabitation en bonne intelligence - les chercheurs parlent de «mutualisme» - entre des animaux et des plantes, les deux partenaires bénéficiant de la présence l'un de l'autre. Mais certains tentent parfois de tirer la couverture à eux, parasitant la relation...

Des chercheurs du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), de l'Université Toulouse III et de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) ont ainsi observé dans la forêt guyanaise (territoire français en Amérique du Sud) les interactions entre la plante Hirtella physophora et les fourmis Allomerus decemarticulatus, qui vivent étroitement associées. Leurs travaux sont publiés vendredi dans la revue Evolutionary Biology.

Les fourmis Allomerus decemarticulatus habitent dans des poches foliaires de la plante, tandis que cette dernière est protégée par les fourmis contre les insectes phytophages.

Mais parfois les fourmis trichent afin de manipuler à leur profit la croissance de la plante: en détruisant plus de deux tiers des boutons floraux produits par leur plante hôte, elles l'empêchent de produire des fleurs, nécessaires à sa reproduction, pour forcer la production de feuilles et donc de poches foliaires.

La réplique expérimentale de la destruction des boutons a permis aux chercheurs de démontrer que les plantes dont les boutons sont détruits ont une croissance plus importante que les autres.

Mais la plante sait se défendre contre cette tentative d'exploitation: si trop de boutons sont détruits, les nouvelles poches foliaires qu'elle produit sont particulièrement petites, si bien qu'elles sont en grande partie inutilisables par les fourmis.

«Les plantes à fourmis sont donc capables de sanctionner leurs locataires quand elles deviennent trop virulentes», souligne le CNRS dans un communiqué.