L'avion expérimental propulsé par l'énergie solaire, Solar Impulse, piloté alternativement par deux aventuriers suisses, s'est posé dans la nuit de samedi à dimanche à New York à l'issue de la dernière étape de sa traversée des États-Unis.

L'avion s'est posé sur une piste de l'aéroport John Fitzgerald Kennedy de New York à 23 h 11, plus tôt que prévu. Cette avance, par rapport à l'horaire estimé, est due à une déchirure de 2,5 mètres sur la partie inférieure de l'aile gauche.

L'avion avait décollé samedi matin à 4 h 46 de l'aéroport international Washington-Dulles mais il n'avait normalement pas la permission d'atterrir à l'aéroport John Fitzgerald Kennedy de New York avant 2 h du matin dimanche, afin ne pas déranger le trafic commercial aérien intense dans la région.

Le pilote suisse aux commandes, André Borschberg, a été contraint de prendre son mal en patience et a tourné en rond au-dessus de l'Atlantique à quelques encablures de «Big Apple», avant de pouvoir survoler la ville dans la soirée et se poser finalement plus tôt en raison de son avarie.

«Le problème est le trafic aérien dense dans ce couloir très fréquenté entre Washington et New York. Solar Impulse vole à environ 70 km/h et est très sensible aux turbulences, ce qui veut dire qu'il peut aisément déranger le trafic commercial», avait précisé son équipe.

Le pilote suisse, qui durant son périple à travers les États-Unis a alternativement pris les commandes de cet engin monoplace avec son compatriote Bertrand Piccard, a volé samedi après-midi à faible allure au-dessus de l'eau, par un ciel clair, en attendant de pouvoir se rapprocher de New York.

 Chargées à la moitié en début de matinée, ses batteries étaient sous le soleil de l'Atlantique pleines à 100% de leurs capacités, selon les données communiquées en ligne par son équipe (solarimpulse.com).

Survoler New York de jour

«C'est notre plus courte étape, mais c'est aussi celle qui va durer le plus longtemps», avait relevé André Borschberg, interrogé en vol peu après le lever du jour.

Pour autant celui-ci n'avait pas peur de s'ennuyer au long de ce périple de plus de 21 heures: «Je pensais à cette dernière étape depuis le début de notre projet: comment intégrer notre avion dans la zone qui a le trafic aérien le plus dense du monde? On espère aussi pouvoir survoler la statue de la Liberté. Donc je suis très excité par ce que je fais et je ne vais pas trouver le temps long aujourd'hui», disait-il.

Sa traversée des États-Unis a débuté le 3 mai près de San Francisco, en Californie (ouest). L'avion s'est ensuite rendu successivement à Phoenix (Arizona), Dallas/Fort Worth (Texas), Saint Louis (Missouri), Cincinnati (Ohio) et Washington.

«Notre but n'est pas juste de traverser les États-Unis, ce projet doit être utile à la société, pour montrer aux gens combien le monde peut être efficace en utilisant des technologies propres», a souligné de son côté Bertrand Piccard.

L'appareil de 1600 kg en fibre de carbone a une envergure de 63,4 m, équivalente à celle d'un Boeing 747 et dépend de 12 000 cellules photovoltaïques capables de produire l'électricité suffisante pour charger sa batterie au lithium de 400 kilos, nécessaire à l'alimentation des quatre moteurs électriques à hélice de 10 chevaux chacun, de jour comme de nuit.

Solar Impulse, un projet lancé il y a dix ans par Bertrand Piccard et André Borschberg avait fait son baptême de l'air en juin 2009.

En 2010, l'avion solaire avait effectué un vol sans escale de 26 heures, montrant ainsi sa capacité à accumuler suffisamment d'électricité durant le jour pour continuer à voler de nuit.

André Borschberg et Bertrand Piccard, prévoient un tour du monde en 2015 avec une version améliorée de cet appareil.