L'Australie qu'on pensait avoir été isolée entre l'arrivée des premiers humains il y a 40 000 ans et la venue des Européens au 19e siècle, a connu une vague d'immigration depuis l'Inde il y a environ 4000 ans, selon une analyse génétique publiée lundi aux États-Unis.

Les auteurs de l'étude expliquent que ces immigrants auraient aussi apporté certains outils de pierre de petite taille appelés microlithe ainsi que le dingo, un chien sauvage trouvé en Australie.

Les datations de ces outils et des restes fossilisés de ces animaux, les font remonter à environ 4000 ans, précisent ces scientifiques du Max Planck Institute en Allemagne, auteurs de cette recherche parue dans les Annales de l'Académie américaine des sciences (PNAS) datées du 14-18 janvier.

Ces chercheurs ont comparé certaines variations génétiques des aborigènes d'Australie à celles des populations de Nouvelle-Guinée, d'Asie du Sud-Est et d'Inde.

«Les résultats laissent penser à un flux substantiel de gènes d'Inde vers l'Australie il y a 4.230 ans, bien avant les premiers contacts avec les Européens», explique Irina Pugach du Max Planck Institute et principal auteur de la recherche.

«Cette période coïncide aussi avec de nombreux changements dans les données archéologiques en Australie comme la technologie des outils de pierre et la manière de transformer les plantes», poursuit-elle.

«Dans la mesure où nos détectons le flux de gènes d'Inde vers l'Australie autour de cette même période, il est probable que ces changements et l'apparition du dingo soient liés à cette migration», conclut Irina Pugash.

Cette analyse génétique révèle également une origine commune des populations aborigènes d'Australie, de Nouvelle-Guinée et des Mamanwa, un groupe Negritos des Philippines qui remonte de 35 000 à 45 000 ans.

Durant cette période, l'Australie et la Nouvelle-Guinée ne formaient qu'un seul bloc géographique appelé Sahul.

Selon ces chercheurs, ces trois groupes ont divergé les uns des autres il y a environ 36 000 ans.

«Cette découverte conforte l'hypothèse selon laquelle ces populations descendent d'un premier flux de migration d'Afrique par le Sud tandis que d'autres groupes sont arrivés plus tard», précise Mark Stoneking du Max Planck Institute, un des co-auteurs de l'étude.

Ces données génétiques indiquent également que les aborigènes australiens et les Nouveaux-Guinéens ont divergé plus tôt dans l'histoire du Sahul et non pas quand la Nouvelle-Guinée et l'Australie ont été séparées par la montée du niveau de l'océan il y a environ 8000 ans, relève-t-il.