Les dernières données produites par l'accélérateur de particules Tevatron pointent fortement vers l'existence du boson de Higgs, chaînon manquant de la physique moderne, a annoncé le laboratoire américain Fermilab.

La découverte de la célèbre particule, si elle est établie, dépend désormais du Grand collisionneur de hadrons (LHC) du Cern (Organisation européenne pour la recherche nucléaire), à Genève, le plus puissant accélérateur de particules du monde, qui doit faire une annonce mercredi.

Depuis que le Cern a annoncé cette présentation, les spéculations vont bon train dans la communauté scientifique sur une annonce majeure.

«Nos données pointent fortement vers l'existence du boson de Higgs mais il faudra les expériences du LHC en Europe pour confirmer une découverte», écrit Rob Roser, porte-parole du Fermilab dans un communiqué posté lundi sur le site internet du laboratoire.

La particule de Higgs est la clé de voûte jamais observée de la théorie du «Modèle standard de la physique des particules» élaboré dans les années 60 pour décrire la structure fondamentale de la matière visible dans l'univers.

Selon ce modèle, le boson de Higgs explique pourquoi des particules sont dotées d'une masse et d'autres pas. Sa détection validerait donc cette théorie.

Le physicien britannique Peter Higgs avait postulé en 1964 l'existence de cette particule à laquelle il a donné son nom.

«C'est une semaine très excitante et peut-être la plus excitante en physique depuis que je suis devenu physicien», a lancé lors d'une conférence de presse téléphonique Joe Lykken, un physicien-théoricien au Fermilab.

«Nous pensons qu'en mettant la main sur le boson de Higgs après deux décennies de traque, nous pourrons l'étudier (...) car si cette particule existe nous pensons que c'est elle qui donne leur masse aux autres particules», a-t-il ajouté.

«Nous croyons que le champ d'énergie du boson de higgs est la clé de toute la structure qui fait que l'univers existe sous forme de matière, de chimie et de vie», a souligné ce physicien, insistant sur l'extrême difficulté de saisir ce boson parfois appelé «la particule de Dieu».

«C'est nettement pire que chercher une aiguille dans une botte de foin», a dit Joe Lykken, notant que le boson a une masse très élevée qui le rend très instable et le fait se dégrader rapidement.

«Je croise les doigts et retiens mon souffle» avant d'entendre le résultat des dernières expériences du Cern, a-t-il conclu.

«Nous savons exactement quel signal regarder dans nos données et nous voyons de fortes indications de la production et de la détérioration de bosons de Higgs dans une paire de quarks difficiles à observer au LHC et cela nous emballe énormément», a précisé Gregorio Bernardi, physicien du Laboratoire nucléaire et des hautes énergies à l'Université de Paris VI et VII dans le communiqué du Fermilab.

Les résultats du Tevatron indiquent que la particule de Higgs, si elle existe, a une masse qui se situe entre 115 et 135 gigaélectronvolts (GeV) ou 130 fois celle d'un proton.

Selon les scientifiques du Fermilab, les indices observés dans les données du Tevatron par les deux équipes de physiciens CDF et DZero donne une chance sur 550 que ce signal soit une fluctuation statistique, ce qui est insuffisant pour confirmer une découverte qui requiert une chance d'erreur sur 3,5 million.

En décembre 2011, les derniers résultats des expériences Atlas et CMS menées au LHC resserraient considérablement «la fenêtre» où se trouverait le célèbre boson. Il se cacherait ainsi aux environs d'une masse de 125 GeV, où les deux expériences avaient observé un «excès de fluctuations» lors des collisions de protons dans l'accélérateur.