Des chercheurs du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) se sont inspirés de la structure nanométrique des antennes d'un papillon de nuit pour mettre au point un détecteur d'explosifs capable de rivaliser avec le flair des chiens spécialement entraînés, annonce mardi l'organisme dans un communiqué.

Ce dispositif est constitué d'un «micro-levier en silicium» recouvert de 500.000 nanotubes de dioxyde de titane. Il est capable de détecter des concentrations de TNT (trinitrotoluène) mille fois plus faibles que les systèmes de détection actuels, indique le CNRS.

Ces derniers peuvent pourtant repérer des concentrations de TNT de l'ordre d'une molécule d'explosif pour un milliard de molécules d'air, une performance impressionnante mais qui reste bien en dessous de celles de nombreux animaux. Ainsi, le bombyx du mûrier (Bombyx mori, le papillon du ver à soie) est capable de réagir à la présence de seulement quelques molécules de phéromone grâce à ses antennes de moins d'un millimètre recouvertes de minuscules brins.

C'est cette structure que les scientifiques du CNRS, de l'Institut franco-allemand de recherches de Saint-Louis et de l'Université de Strasbourg ont cherché à imiter artificiellement. Ils ont donc conçu un «micro-levier» en silicium de 200 microns (un micron = un millième de millimètre) sur 30 de large et l'ont recouvert d'une «forêt» de nanotubes de titane alignés verticalement, qui multiplie par cent la surface de contact du levier, augmentant proportionnellement sa capacité à piéger les molécules recherchées.

C'est «la mise en vibration du levier» qui alerte sur la présence de TNT dans l'air ambiant, les molécules de cet explosif modifiant de manière spécifique la fréquence de résonance propre du dispositif, explique le CNRS.

Ce détecteur expérimental, présenté dans la revue allemande Angewandte Chemie, pourrait aussi servir à détecter des drogues, des agents toxiques, des polluants organiques ou d'autres explosifs très peu volatils, précise le CNRS.