La modification du système du Temps universel, établi il y a 40 ans pour calquer l'heure atomique sur l'heure solaire, a été repoussée aux calendes grecques jeudi à Genève, aucun consensus n'ayant pu se dégager à ce propos lors de l'Assemblée des radiocommunications, organisée par l'UIT (Union internationale des télécommunications).

«Le dossier va être renvoyé en groupe de travail, afin de clarifier certaines interrogations émises par plusieurs pays membres», a indiqué le président de l'Assemblée, M. Alan Jamieson, à l'issue de 3 heures de débats.

Cette modification était réclamée par les États-Unis, la France et le Japon, alors que la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la Chine et le Canada y étaient fermement opposés.

Les débats ont montré, a ajouté M. Jamieson, que les quelque 700 délégués représentant 70 pays à cette Assemblée étaient très divisés sur la question, qui fait l'objet d'études au sein d'un groupe de travail depuis 10 ans.

«Il y a ceux qui sont pour, ceux qui sont contre, et ceux qui estiment n'avoir pas assez d'informations pour se prononcer, et c'est là le point le plus important», a-t-il déclaré.

Le système actuel du temps a été défini en 1972, avec l'adoption du «temps universel coordonné» (TUC), soit l'heure donnée par les horloges atomiques, à laquelle on ajoute ou retranche de temps à autre une seconde, appelée «seconde intercalaire», afin qu'elle reste synchrone avec l'heure solaire.

Depuis 1972, 24 secondes intercalaires ont ainsi été rajoutées au TUC, pour rattraper le décalage entre l'heure atomique, toujours régulière, et l'heure terrestre, qui peut varier en fonction d'éléments comme les marées ou les tremblements de terre.

Pour les États-Unis, qui veulent la suppression de ce système, la seconde intercalaire est «une perturbation dans l'industrie spatiale, et celle des satellites, qui réclament un système continu». «La pratique actuelle est trop compliquée, car chaque ajout de seconde intercalaire nécessite une intervention humaine, ce qui pose des problèmes techniques et présente également des risques d'erreur», a indiqué le délégué américain à l'Assemblée.

Pour le Royaume-Uni au contraire, si on abolit la seconde intercalaire, l'heure atomique va de plus en plus s'éloigner de l'heure terrestre. «C'est une décision qui aurait de grandes conséquences pour les générations futures, notamment sur le plan social, et même religieux», a déclaré le délégué britannique, qui réclame plus d'études sur la question.

Pour Vincent Meens, président du groupe d'études de l'IUT sur la question, «le problème vient du fait que l'on ne peut pas prévoir longtemps à l'avance, quand il faut ajouter ou non une seconde intercalaire à l'heure atomique, car tout dépend de la rotation de la Terre». En général, elles sont décidées 6 mois avant, et se font toujours soit le 30 juin ou le 31 décembre.

«C'est pourquoi il n'y a jamais de lancement de fusées ces jours-là, en raison d'un éventuel décalage, qui brouillerait tous les calculs», a indiqué encore M. Meens.

La suppression de la seconde intercalaire simplifierait la vie des informaticiens, mais elle aboutirait à la «distorsion» entre l'heure atomique et l'heure solaire, qui serait de «15 secondes tous les 100 ans».

Le résumé des débats de l'Assemblée des radiocommunications sera adressé à la Conférence mondiale de l'IUT sur les radiocommunications 2012, qui aura lieu du 23 janvier au 17 février à Genève.