L'Agence spatiale russe a reconnu mardi la perte quasi-certaine de sa sonde Phobos-Grunt, lancée le 9 novembre vers un satellite de Mars, un sérieux revers pour la Russie dont c'était la première mission interplanétaire depuis 15 ans, après d'autres échecs cette année.

«Il faut être réaliste: puisque nous n'avons pendant tout ce temps pas réussi à établir de communication avec l'appareil, il n'y a pratiquement plus de chances d'effectuer cette mission», a déclaré le directeur adjoint de l'agence spatiale, Vitali Davydov.

Des sources du secteur spatial avaient déjà affirmé il y a plus d'une semaine que l'on pouvait considérer la sonde comme «perdue», mais officiellement l'agence spatiale avait indiqué poursuivre ses efforts pour entrer en contact avec la sonde et remédier au problème.

M. Davydov a souligné que la «fenêtre» temporelle permettant à la sonde de prendre sa course vers Mars se refermerait à la fin du mois.

«De toute évidence, l'appareil ne survivra pas jusqu'à la prochaine fenêtre», a déclaré M. Davydov, soulignant que celle-ci ne se représenterait que dans deux ans.

Tous les deux ans, la distance entre Mars et la Terre est en effet réduite.

En conséquence, l'Agence spatiale russe envisage d'ores et déjà la retombée de la sonde sur Terre, sans pouvoir prévoir à l'avance le lieu de sa chute.

«L'expérience montre que ce n'est que dans les derniers jours, et pas avant, que l'on peut déterminer la zone de retombée», a déclaré M. Davydov.

Phobos-Grunt avait été lancée par une fusée Zenit depuis le cosmodrome russe de Baïkonour, au Kazakhstan.

Mais ses moteurs additionnels ne s'étaient pas mis en route pour la propulser vers Phobos, et les spécialistes russes tentaient depuis lors d'en reprendre le contrôle à distance pour lui faire prendre sa trajectoire.

Phobos-Grunt était la première tentative de la Russie de procéder à une mission d'exploration interplanétaire depuis l'échec en novembre 1996 de la sonde Mars 96, qui était retombée dans l'océan Pacifique.

La sonde, dont la mission devait durer trois ans, était censée se poser sur la lune martienne, y effectuer des analyses, collecter des échantillons qu'un module devait ensuite ramener sur Terre en 2014, ce qui aurait marqué le premier vol aller-retour vers le système martien.

Le responsable de l'Agence spatiale russe a estimé que Moscou devrait désormais concentrer ses efforts sur de nouvelles missions vers la Lune, et ne viser Mars que dans le cadre de programmes conjoints avec des partenaires étrangers.

L'échec de cette sonde signifie aussi celui de la première mission de la Chine vers Mars, car Phobos-Grunt devait mettre en orbite autour de la planète rouge le satellite Yinghuo-1, qui devait en étudier la surface et le champ magnétique.

Série d'échecs

Le secteur spatial russe a connu une série d'échecs depuis décembre 2010, quand avaient été perdus au lancement des satellites de son système de géolocalisation Glonass, censé concurrencer le GPS américain. Les appareils étaient retombés dans l'océan Pacifique.

En août, c'est le programme Soyouz, resté seul à pouvoir rejoindre la Station spatiale internationale après l'abandon de la navette américaine, qui avait failli, avec la perte au lancement d'un vaisseau de ravitaillement pour l'ISS, retombé en Sibérie.

Une fusée Soyouz a cependant envoyé avec succès vers l'ISS le 14 novembre un nouvel équipage russo-américain pour la station. Le précédent équipage -un Russe, un Japonais et un Américain- a atterri sans encombre dans la nuit de lundi à mardi à bord d'une capsule du même nom dans les steppes du Kazakhstan.