Le mouvement des indignés naît d'un profond sentiment d'injustice. Et ce n'est pas l'actualité qui le dit, c'est la biologie.

Plusieurs études, ces dernières années, ont identifié des mécanismes du cerveau qui semblent expliquer notre dédain face à l'inégalité. Mais pas juste le nôtre: même des animaux réagissent négativement à ce qu'ils perçoivent comme une injustice. Il y a eu par exemple le cas de ces chiens, en 2008: demandez à deux chiens de vous donner la patte, et ils le feront sans problème. Donnez une plus grosse récompense à l'un des deux, et l'autre cessera de jouer.

Une expérience plus élaborée avait été publiée en 2004 sur des singes capucins. Ceux-ci avaient été entraînés à donner à leurs «amis» humains des petits cailloux en échange de concombres. En un temps record, racontent les primatologues Franz de Walls et Sarah Brosnan, une «économie» s'était développée, les singes plus voraces ramassant davantage de précieux petits cailloux.

C'est alors que les primatologues avaient commencé leur véritable expérience: ils avaient commencé à donner à certains singes des raisins, au lieu des concombres -et les singes préfèrent les raisins. Devant cette injustice, les singes payés en concombres avaient fait la grève: ils avaient cessé de ramasser des cailloux, même si cela signifiait qu'ils n'avaient plus de concombres à manger.

En un sens, ce que révèlent ces anecdotes, c'est que les animaux ne recherchent pas l'égalité: certains singes accaparaient plus de cailloux que d'autres et recevaient davantage de concombres. Mais arrivait un moment où «l'écart salarial» devenait trop choquant. Le seuil de tolérance était dépassé.