Deux récentes études jettent un nouveau regard sur le rôle des salles d'urgence dans les soins à apporter aux patients souffrant d'insuffisance cardiaque, une condition qui coûte des milliards de dollars au système de santé canadien.

Les chercheurs espèrent prolonger la vie des patients et réaliser des économies en permettant une meilleure compréhension des différents modèles applicables pour les soins de suivi, de même que pour les signes avant-coureurs de mortalité.

Un cardiologue du Toronto General Hospital et coauteur de l'une des études, le Dr Douglas Lee, souligne que si plusieurs décisions sont prises dans la salle d'urgence, peu de preuves ou de données guident les professionnels dans les prises de décisions liées aux patients avec une insuffisance cardiaque.

Le Dr Lee explique également que le but des études est de fournir des données sur les pronostics afin d'aider les médecins à être plus informés dans leurs prises de décisions, de sorte qu'ils n'aient plus seulement à se baser sur leur jugement clinique pour ce faire.

L'équipe du Dr Lee a examiné les dossiers de 12 591 patients avec une insuffisance cardiaque et qui se sont présentés dans des salles d'urgence d'hôpitaux ontariens entre 2004 et 2007. Elle a ensuite développé une procédure simple permettant de déterminer leur risque de mortalité dans les sept jours subséquents.

La méthode du Dr Lee, déjà appliquée dans certains hôpitaux torontois, est appelée Emergency Heart Failure Mortality Risk Grade.

Parmi les signes avant-coureurs figurent des niveaux légèrement élevés de troponine, une créatinine sérique croissante, ainsi que le développement, ou non, de cette insuffisance cardiaque alors que le patient prenait du métolazone (un médicament consommé par des patients plus malades). À cela s'ajoute aussi la pression sanguine systolique, les fréquences cardiaques et le niveau de saturation de l'oxygène.

Ces indices ont permis à l'équipe du Dr Lee de déterminer qui, parmi ces patients, était à risque de souffrir d'une insuffisance cardiaque au cours de la semaine suivante. Les résultats de l'étude ont été dévoilés dimanche à Vancouver lors du Congrès cardiovasculaire canadien.

La seconde étude, menée par la docteure Debbie Feldman de l'Université de Montréal, examine les cas de huit hôpitaux québécois. L'analyse démontre que moins du tiers des 551 patients avec une insuffisance cardiaque était suivi par leur médecin dans les deux semaines suivants leur congé de l'hôpital.

Un mois après avoir reçu ce congé, un peu plus de la moitié d'entre eux avait consulté un docteur.

Les patients qui ont été vus à l'intérieur de deux semaines avaient moins de problèmes, et étaient moins susceptibles de retourner à l'urgence, dans un hôpital, ou encore de mourir.

Quelque 500 000 Canadiens ont une insuffisance cardiaque, dont 50 000 qui sont à un stade avancé avec 50 pour cent de chances de vivre une année supplémentaire.