La thèse voulant qu'un virus soit à l'origine du syndrome de fatigue chronique est fausse, selon une étude américaine rendue publique récemment.

Les tests de laboratoire qui avaient permis d'établir le lien étaient basés sur des données incertaines, affirment les auteurs.

Jeudi dernier, le journal Science a rapporté que les chercheurs avaient retiré de l'étude originale la partie concernant le virus parce qu'un laboratoire qui avait participé aux analyses a découvert que certains de ses échantillons étaient contaminés.

En 2009, des chercheurs du Nevada avaient annoncé la découverte d'un virus apparenté au virus de la leucémie murine xénotrope (XMRV), qu'on retrouve habituellement chez la souris, dans le sang des personnes atteintes du syndrome de fatigue chronique. Ce qui laissait croire que la cause de la maladie mystérieuse était enfin trouvée.

Les banques de sang ont alors commencé à refuser les dons de la part de personnes souffrant du syndrome de fatigue chronique croyant qu'elles pouvaient être infectées par le XMRV. Plusieurs autres études n'ont pu confirmer cette découverte. Le printemps dernier, la revue Science a publié une information indiquant que la présence supposée du virus dans le sang pouvait être seulement le résultat d'une contamination issue du laboratoire.

La plus récente étude, également rapportée dans la revue Science, avait été commandée par le gouvernement pour vérifier si le XMRV ou d'autres virus du même genre pouvaient avoir affecté la qualité des réserves de sang. L'étude conclut qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter.

Neuf laboratoires ont refait les analyses d'échantillons de sang en provenance de 30 personnes, certaines ayant été identifiées comme porteuses du XMRV et souffrant du syndrome de fatigue chronique, d'autres en parfaite santé.

Seulement deux laboratoires qui avaient antérieurement conclu à un lien avec le XMRV ont noté des traces du virus dans certains échantillons de sang, mais certains d'entre eux provenaient de gens bien portants. Des analyses supplémentaires n'ont pas permis de confirmer les premières découvertes.

«Il ne semble pas y avoir une corrélation évidente entre le XMRV et le syndrome de fatigue chronique» a affirmé pour sa part le Dr Harvey Klein qui n'a pas participé à la plus récente recherche, mais en a assuré le suivi pour le compte de l'American Association of Blood Banks. Toutefois, certaines banques de sang peuvent continuer à refuser les patients atteints du syndrome de fatigue chronique en raison des conséquences que peuvent avoir les pertes de sang sur leur condition physique.

La controverse n'est toutefois pas réglée. Dans une déclaration commune, des chercheurs de l'Institut Whittemore Peterson du Nevada ont fait savoir qu'ils poursuivaient leur travail de recherche sur le virus en dépit du retrait de l'étude de 2009.