Des scientifiques ont présenté mercredi des innovations susceptibles de simplifier la mise au point de futurs ordinateurs quantiques, en manipulant les atomes avec des micro-ondes plutôt qu'avec de complexes lasers.

A l'échelle de l'infiniment petit, atomes et autres particules acquièrent de surprenantes propriétés, décrites par la physique quantique, que les physiciens espèrent exploiter pour créer de nouveaux types d'ordinateur aux vitesses de calcul phénoménales.

Dans un ordinateur classique, la valeur d'un bit est soit 1, soit 0. Un bit quantique (Qubit), c'est les deux à la fois, car un atome peut se trouver comme «suspendu» entre deux «états» possibles. Ce qui devrait permettre de faire en parallèle de multiples calculs.

Plus bizarre encore: il est possible d'associer si étroitement deux atomes - de les «intriquer» - de telle façon que toute action sur l'un donne instantanément une information sur son «jumeau», quelle que soit la distance qui les sépare.

Des physiciens ont réussi pour la première fois à intriquer deux ions (atomes porteurs de charges électriques) en les manipulant avec des micro-ondes au lieu des habituels rayons lasers, selon une étude publiée mercredi dans la revue scientifique britannique Nature.

Pour les futurs ordinateurs quantiques, une «technologie micro-onde miniaturisée semblable à celle utilisée dans les téléphones intelligents» pourrait ainsi remplacer les volumineuses et coûteuses installations laser, relève dans un communiqué l'Institut national américain des normes et de la technologie (NIST) dont fait partie l'équipe de chercheurs.

Avec des micro-ondes, il serait «plus facile de bâtir des systèmes associant des milliers d'ions pour faire du calcul quantique et des simulations», ajoute cette agence du Département américain du commerce.

«Il est même concevable que des ordinateurs quantiques de taille modeste puissent ressembler à un téléphone intelligent combiné à un objet semblable à un stylo pointeur laser, alors que des machines sophistiquées pourraient avoir une taille comparable à un PC de bureau», précise le physicien Dietrich Leibfried, coauteur de l'étude.

Grâce à des faisceaux micro-ondes, son équipe a pu, dans 76% des cas, réussir à intriquer la paire d'ions piégée par un champ électrique au-dessus d'un carré d'or de 7,4 millimètres de côté, alimenté par trois électrodes.

Avec des lasers, les meilleurs taux de réussite jusqu'à présent atteignent 99,3%, reconnaissent les chercheurs, ce qui suppose des améliorations de leur technique.