Les normes sur le taux de plomb admissible dans l'eau potable sont peut-être trop permissives, selon des études discutées cette semaine dans une conférence nord-américaine à l'École polytechnique. Selon une estimation d'un expert de l'Université Simon Fraser de Colombie-Britannique, 1 cas d'hyperactivité sur 25 pourrait même être lié au plomb dans l'eau.

«Les normes actuelles ont été conçues de façon à ne pas dépasser un taux de 10 microgrammes par décilitre de sang dans le corps humain», explique Bruce Lanphear, spécialiste de santé publique à l'Université Simon Fraser. «Mais nous voyons des effets même au-dessous de ce taux.»

Des études du Dr Lanphear, qui s'intéresse à la toxicité du plomb depuis deux décennies, ont montré que le QI baisse de 4 points quand le taux de plomb dans le sang passe de 2,4 à 10 microgrammes par décilitre. Le risque d'hyperactivité quadruple quand ce taux passe de moins de 0,8 à plus de 2 microgrammes par décilitre.

Les États-Unis et l'Europe sont en avance sur le Canada sur le plan de la réglementation, et l'Ontario est la seule province qui a bien fait les choses, selon Michèle Prévost, professeure de génie civil à l'École polytechnique, qui organise la conférence. «Au Québec, il n'y a pas d'obligation de tester le plomb dans l'eau potable, dit Mme Prévost. Et les méthodes utilisées varient, alors qu'on sait que la concentration est maximale quand on ouvre le robinet.»

La Ville de Montréal se donne 20 ans pour remplacer 75 000 conduites d'eau en plomb dans des résidences construites entre 1945 et 1970, au coût de 270 millions. La décision a été prise en 2005, après des tests inquiétants à Saint-Laurent. Depuis, selon Mme Prévost, Montréal a un bon programme de tests.