Même des séismes d'une puissance hors du commun, comme celui qui a frappé le Japon le 11 mars, ne risquent pas de provoquer des répliques dévastatrices à l'autre bout du monde, estiment des géologues américains.

Cette étude publiée dimanche - deux semaines après le séisme et le tsunami dévastateur qui ont fait plus de 27 000 morts et disparus dans l'archipel - vient contredire une théorie récente selon laquelle des tremblements de terre exceptionnels touchant un continent peuvent en générer d'autres tout aussi puissants à l'autre bout du globe.

Tom Parsons, de l'US Geological Survey (USGS) et Aaron Velasco, de l'Université du Texas à El Paso, ont tout simplement confronté les conclusions de cette théorie aux statistiques des séismes survenus au cours des trente dernières années.

Dans cette liste, ils se sont concentrés sur les séismes d'une magnitude de 7 ou plus qui ont été suivis de peu par des secousses d'une magnitude d'au moins 5. Ils ont identifié au bout du compte 205 secousses principales, et plus de 20 000 «chocs en retour» qu'ils auraient pu éventuellement déclencher.

Selon les chercheurs, ces données mettent bien en évidence un regain d'activité sismique au voisinage de la faille à l'origine du séisme principal. Cela confirme le fait que les tremblements de terre majeurs créent des pressions et des tensions sur les sections voisines de leur faille, qui risquent de céder à leur tour, comme les boutons d'une chemise trop serrée qui sauteraient les uns après les autres.

Mais hormis cet effet «dominos» très localisé, aucune augmentation d'un risque sismique n'a été constatée.

«Le danger d'un séisme majeur s'accroît au niveau régional après le séisme principal, mais pas au niveau mondial», conclut l'étude, publiée dans la revue scientifique Nature Geoscience.

La théorie des séismes déclenchés à grande distance a été ébauchée dans une étude parue en 2009. Elle s'appuyait notamment sur le fait que le séisme magnitude 9,1 ressenti à Sumatra en décembre 2004 avait entraîné une profonde modification des tensions observées sur la faille de San Andreas, en Californie, à quelque 8000 km de l'épicentre.

Après un très fort séisme, «c'est la planète entière qui subit le contrecoup», explique M. Parsons. Les ondes sismiques se propagent le long de l'écorce terrestre, relativement fine, jusque dans des régions comme l'Australie, pourtant peu sujette aux tremblements de terre.

Mais il n'y a pas pour autant de preuve à ce jour que cette énergie véhiculée par les ondes sismiques accentue les tensions sur d'autres failles éloignées, déclare Tom Parsons à l'AFP.

Et les auteurs de la théorie de 2009 «n'ont en réalité vu aucun séisme de grande ampleur» en Californie après celui de Sumatra, souligne le chercheur.

M. Parsons a examiné le séisme de magnitude 9 survenu le 11 mars au Japon et suivi son évolution mais il n'a encore trouvé aucun signe laissant penser qu'il menaçait une autre faille au-delà de la région.

Un séisme de 6,8 a frappé la Birmanie le 24 mars mais il s'agit probablement d'une coïncidence, estime-t-il.

«Parfois il y a une série d'événements qui se produisent, puis des périodes de calme, c'est juste la Terre qui se comporte comme d'habitude. Il pourrait y avoir des causes qui nous échappent, mais il n'y a rien d'inhabituel qui saute aux yeux au cours de la dernière décennie», assure-t-il.