Le cerveau d'un nouveau-né est stimulé d'une manière particulière lorsqu'il entend la voix de sa mère, révèle une étude menée par des chercheurs de l'Université de Montréal dont les conclusions viennent d'être rendues publiques.

Selon les résultats de la recherche, la voix de la mère active les zones cérébrales responsables de l'apprentissage du langage, tandis que celle d'une étrangère fait réagir les parties du cerveau responsables de la reconnaissance de la voix.

L'expérience a été réalisée en collaboration avec le Centre de recherche de l'hôpital Sainte-Justine. L'équipe de chercheurs a mesuré l'activité cérébrale de 16 poupons en santé dans les 24 heures suivant leur naissance. Pour y parvenir, ils ont fixé 128 électrodes sur la tête des nourrissons durant leur sommeil. Ils ont ensuite demandé à la mère de prononcer le son «A». L'exercice a été répété avec la voix d'une infirmière.

«Quand la mère a parlé, les scintigrammes ont très clairement indiqué des réactions dans l'hémisphère cérébral gauche, et particulièrement dans le circuit du traitement linguistique et verbomoteur. À l'inverse, quand l'étrangère a parlé, c'est l'hémisphère cérébral droit qui a réagi. L'hémisphère droit est associé à la reconnaissance vocale», a expliqué Maryse Lassonde, professeure au département de psychologie de l'Université de Montréal et responsable de l'équipe de chercheurs.

C'est la première fois qu'une telle expérience est menée avec des bébés aussi jeunes. Au départ, Maryse Lassonde et son équipe voulaient simplement déterminer s'il y a davantage d'activité dans le cerveau d'un nouveau-né lorsqu'il entend la voix de sa mère.

Pour éliminer le paramètre de «nouveauté», l'infirmière, elle-même maman, a rencontré la mère à quelques reprises durant sa grossesse, et sa voix a été jugée similaire au cours d'une analyse du langage.

Conclusions à venir

Selon Maude Beauchemin, l'une des chercheuses, l'étude tend à confirmer que la mère joue un rôle clé dans l'apprentissage du langage de l'enfant. Mais elle dit qu'il est trop tôt pour conclure que les enfants qui grandissent sans leur mère biologique ont des troubles du langage ou apprennent à parler de manière différente.

«Pour l'instant, il faut que d'autres chercheurs obtiennent des résultats semblables aux nôtres et que l'expérience soit répétée dans différentes cultures, a-t-elle souligné. Par ailleurs, il pourrait maintenant être intéressant de mesurer l'activité cérébrale des nourrissons lorsqu'ils entendent la voix de leur père ou de répéter l'expérience avec des enfants adoptés.»

Les résultats d'étude seront publiés dans le prochain numéro de la revue scientifique Cerebral Cortex.