Le séisme qui a frappé Haïti le 12 janvier 2010 a certes été dévastateur mais n'a pas relâché toutes les tensions accumulées au fil des ans le long d'une faille sismique bien connue, qui présente toujours un danger important pour la capitale, Port-au-Prince, selon une étude américaine.

Ce puissant tremblement de terre, d'une magnitude de 7 et dont l'épicentre a été localisé à seulement 25 km de la capitale, a fait plus de 250.000 morts.

Son origine a été attribuée à la faille de l'Enriquillo-Plantain Garden (EPGF), bien identifiée mais dont le fonctionnement est encore mal compris, qui avait déjà provoqué deux séismes de magnitude similaire en 1751 et 1770.

Cette faille complexe, longue de 270 km, court le long de l'étroite péninsule occidentale de l'île d'Hispaniola, deuxième plus grande île des Antilles, qu'Haïti partage avec la République dominicaine.

Mais selon une équipe de géologues dirigée par Carole Prentice, de l'US Geological Survey de Menlo Park, en Californie, le rôle de l'EPGF dans ce séisme est plus compliqué qu'il y paraît.

Relevés terrestres, photos aériennes, observations satellites: les chercheurs ont examiné en détail la surface de l'île au-dessus de cette faille, à la recherche de traces laissées par le séisme. Mais s'ils ont trouvé de multiples preuves laissées par les secousses du 18e siècle (failles, soulèvement de terrain, cours d'eau détournés...), aucune n'a pu être attribuée au séisme du 12 janvier 2010.

Ce cas de figure n'est pas unique dans l'histoire de la sismologie, mais il est d'autant plus rare et surprenant que le tremblement de terre était puissant et proche de la surface.

Le séisme a pu être causé par une autre faille proche, non identifiée, ou alors par l'EPGF mais à une grande profondeur.

Quelle que soit l'explication, les observations et les modélisations informatiques réalisées par les géologues pour tenter d'expliquer ce phénomène laissent penser que le séisme de janvier n'a pas suffi à évacuer toutes les tensions telluriques qui se sont accumulées à la surface de cette faille depuis les précédentes secousses, il y a 250 ans.

La faille l'Enriquillo-Plantain Garden «reste un grave danger sismique pour Haïti, en particulier pour la région de Port-au-Prince», met en garde l'étude, publiée par le journal Nature Geoscience.

L'inquiétude est particulièrement vive concernant une bande de 110 km qui passe juste au sud de la capitale, entre le lac Miragoane, à l'ouest, et Dumay à l'est.

Ces sections de la faille sont capables de générer un séisme qui pourrait créer dans cette zone urbanisée des secousses encore plus violentes en surface que lors du 12 janvier, avertissent les auteurs.