Les expérimentations sur les animaux vont être très strictement encadrées et limitées en Europe après le vote mercredi par le Parlement européen d'un texte sur la protection animale qui a suscité des débats passionnés durant deux ans.

Texte de «compromis» entre les partisans de l'abolition totale de l'expérimentation animale et ceux qui mettaient en avant la nécessité de poursuivre les expérimentations pour faire avancer la recherche scientifique, cette nouvelle loi européenne à l'ambition de mettre l'UE «à la pointe dans la protection animale», selon les mots du commissaire européen John Dalli.

Le texte prévoit notamment que «les expérimentations animales soient remplacées, dans toute la mesure du possible, par une méthode de substitution scientifiquement satisfaisante». Il prône également que «la douleur et la souffrance infligées aux animaux soient réduites au minimum».

Désormais, l'utilisation d'animaux ne pourra être réalisée que pour les expériences ayant pour but de faire avancer la recherche sur l'homme, les animaux et les maladies (cancers, scléroses multiples, maladie d'Alzheimer et de Parkinson).

Les expériences sur des grands singes tels que les chimpanzés, les gorilles et les orangs-outans vont être interdites. Il y aura une «restriction stricte» pour l'utilisation d'autres primates, prévoit le texte.

Le texte européen complète une autre loi adoptée en 2009 qui interdit les tests sur animaux de produits cosmétiques, excepté pour les tests de toxicité de longue durée, qui seront bannis en 2013.

Cette nouvelle loi constitue «un saut quantitatif» pour la protection animale, selon son rapporteur, l'Allemande Elisabeth Jeggle, mais certains députés européens se sont montrés moins enthousiastes.

Lors du débat au Parlement européen, il a été critiqué à la fois par les défenseurs de la cause animale et ceux qui mettent en avant les impératifs de la recherche scientifique.

«Un animal est un animal et un être humain, un être humain, il ne faut pas confondre», a ainsi dit l'élu conservateur italien germanophone Herbert Dorfmann. «Le progrès de la médecine est crucial pour l'humanité et, malheureusement, pour ce progrès il faut l'expérimentation animale», a-t-il ajouté.

Les Verts ont demandé en vain le renvoi du texte en commission pour l'améliorer.

«Il faut cesser d'opposer recherche scientifique et santé humaine d'un côté et bien-être animal de l'autre», a estimé l'écologiste belge Isabelle Durant. «Il est tout à fait possible de réduire le nombre d'animaux utilisés à des fins scientifiques, sans faire obstacle pour autant à la recherche», a-t-elle ajouté.

Certains responsables européens ont mis en avant le risque de délocalisation de la recherche si l'interdiction était trop stricte. Aussi, les législateurs ont prévu une «clause de sauvegarde» qui permettra de déroger aux règles de la future loi. Les Etats pourront faire appel à cette clause seulement pour des raisons exceptionnelles et scientifiquement justifiables et en avertissant la Commission européenne au préalable.

Près de 12 millions d'animaux sont utilisés chaque année à des fins expérimentales dans l'UE. Selon des experts, l'état actuel des connaissances scientifiques ne permet pas la suppression totale de l'expérimentation animale.

Les législateurs européens ont cependant affirmé que l'interdiction de l'expérimentation animale devait demeurer «l'objectif ultime».