Des scientifiques ont défendu jeudi au Congrès américain le bien-fondé de la recherche en biologie synthétique, soulignant son énorme potentiel médical, environnemental et énergétique avec la création de carburants propres.

Mais il faudra du temps pour que ce champ de recherche porte tous ses fruits et nécessitera aussi l'élaboration d'un cadre réglementaire adapté pour protéger le public contre un mauvais usage, ont-ils également souligné, s'accordant à dire que ces travaux ne posaient pas de problème éthique et environnemental pour le moment.

Cette audition devant la commission de l'Energie et du Commerce de la Chambre de représentants intervient une semaine après l'annonce de la création de la première cellule vivante dotée d'un génome synthétique par l'équipe de Craig Venter.

Se défendant de vouloir jouer à Dieu, ce dernier a expliqué à la commission qu'il «n'avait pas créé la vie ex nihilo».

«Nous créons une nouvelle vie à partir d'une vie existante en utilisant un ADN synthétique pour reprogrammer des cellules de manière à former de nouvelles cellules dont les fonctions sont dictées par un ADN ou génome, synthétique», a dit le scientifique.

Craig Venter a aussi assuré les membres de la commission que cette avancée «aura un impact profond et positif sur la société dans le sens qu'elle permettra de mieux comprendre les fondements de la biologie et comment fonctionne la vie».

Ces recherches vont «déboucher sur de nouvelles techniques et outils pour créer rapidement des vaccins et autres traitements et permettre de poursuivre le développement de nouveaux bio-carburants et produits bio-chimiques», a promis le scientifique.

Mais il a souligné qu'il faudrait «au moins dix ans avant que ces biocarburants puissent remplacer l'essence et le fioul».

Craig Venter, président de Synthetic Genomics Inc., a conclu un contrat de 600 millions de dollars avec Exxon Mobil Corp pour «fabriquer» des algues capables de produire du biocarburant.

Pour Gregory Kaebnick, un expert en bio-éthique du Hastings Center, un institut privé, ces travaux ne posent aucun problème dans l'immédiat.

«Je pense que le caractère sacré de la vie n'est pas menacé par ces recherches», a-t-il dit aux représentants, notant qu'il s'agissait «à ce stade seulement de microbes».

Tout en notant qu'il fallait s'assurer «de procéder prudemment avec cette technologie et protéger le public contre ses mauvais usages», le Dr Anthony Fauci, directeur de l'Institut national des allergies et maladies infectieuses (NIAI) a jugé «important de ne pas agir précipitamment et d'imposer des restrictions non-nécessaires aux travaux de nos meilleurs et plus brillants scientifiques».

De telles actions «empêcheraient les Etats-Unis de développer cette technologie efficacement et de manière responsable pour le bien de l'humanité tout en étant compétitifs avec d'autres pays qui vont sûrement adopter ces techniques», a-t-il prévenu.