Une nouvelle souche de micro-champignon meurtrier, présent seulement dans l'Oregon (nord-ouest des Etats-Unis), pourrait se propager en Californie et d'autres régions voisines, mettent en garde des biologistes.

Ils soulignent toutefois que les infections avec cette espèce de micro-champignon appelée Cryptococcus gattii fungi ou C. gattii présent dans le sol ou en suspension dans l'air, et dont ce nouveau type plus virulent a été isolé pour la première fois en 2005, sont très rares.

Contrairement à la grippe et d'autres maladies infectieuses, ces transmissions ne présentent pas non plus de risque d'épidémie puisqu'il n'y pas de transmission entre humains ou avec des animaux infectés.

Mais «ce nouveau micro-champignon est inquiétant car il paraît être dangereux pour des individus en bonne santé», note Edmond Byrnes, chercheur du département de génétique moléculaire et de microbiologie de la faculté de médecine de Duke University (Caroline du nord, sud-est), un des co-auteurs de cette étude parue dans la revue PloS Pathogens datée du 22 avril.

«Normalement nous observons ces maladies fongiques chez des patients dont le système immunitaire est affaibli comme chez les personnes ayant eu une transplantation d'organe ou infectées avec le virus responsable du sida», a expliqué ce micro-biologiste.

Le taux de mortalité provoqué par le champignon de l'Oregon est approximativement de 25% sur les 21 cas analysés aux Etats-Unis.

En comparaison, le C. gattii présent au Canada dans l'île de Vancouver en Colombie britannique depuis 1999 a provoqué un taux de mortalité de 8,7% parmi les 218 cas au total.

Les C. gattii découverts au Canada et qui se sont répandus en Oregon et dans l'Etat de Washington étaient initialement identiques, a expliqué le Dr Joseph Heitman, directeur du service de génétique moléculaire et de microbiologie de la faculté de médecine de Duke University.

«Mais le nouveau type de souche de C. gattii présent en Oregon n'existe (apparemment) nulle part ailleurs», a-t-il dit dans un entretien avec l'AFP, soulignant que les infections avec toutes les souches de ce micro-champignon étaient «très rares».

Le micro-champignon C. gattii infecte les poumons ou le cerveau provoquant des pneumonies et des méningites. Les symptômes n'apparaissent pas avant au moins deux mois, sous forme de fièvre et de toux persistante quand les poumons sont atteints, a précisé ce médecin.

L'infection se produit par inhalation des particules de C. gattii en suspension dans l'air.

La moitié des patients infectés au Canada et le nord-ouest américains n'avait aucun problème de santé tandis que l'autre moitié souffrait de différents problèmes.

Le Dr Heitman a souligné qu'il est estimé que «la plupart des habitants de l'Ile de Vancouver ont été exposé au C. gattii (au cours des onze dernières années) mais que seulement 218 ont été infectés».

Les tests en cours consistent à effectuer des cultures du nouveau type de C. gattii afin d'en séquencer l'ADN de manière à adapter le traitement.

«Traditionnellement les C.gattii existaient seulement dans les tropiques, en Australie et en Amérique du Sud», a relevé ce chercheur laissant entendre que le réchauffement climatique pourrait expliquer son émergence au Canada.

Un autre micro-champignon commun dans le monde, le Cryptococcus neoformans infecte environ un million de personnes par an. Inoffensif pour celles en bonne santé, il est fatal aux patients dont le système immunitaire est affaibli et fait 600.000 morts annuellement dont un tiers des personnes décédant du sida, a dit le Dr Heitman.