Ils guettent l'idée miracle ou sont à l'affût de solutions: rêveurs, pragmatiques, habiles, curieux et persévérants, les inventeurs se sont racontés à l'AFP en marge du Salon international des inventions qui a débuté mercredi à Genève.

«Je peux avoir une idée n'importe quand, n'importe où, en me réveillant, au restaurant... il n'y a pas de règle, les idées viennent sans prévenir», témoigne Mircea Tudor, 53 ans, PDG d'une société roumaine employant 75 personnes.

«J'invente surtout pendant la nuit, quand je suis seul et que je suis parti du bureau. Pendant la journée, il y a toujours les problèmes quotidiens à gérer, ce n'est pas simple dans une entreprise avec 75 employés», ajoute-t-il.

L'an dernier, son système mobile de scanners de camions pour les douanes avait remporté le premier prix au salon de Genève, ce qui lui a permis de le commercialiser jusqu'en Inde.

Mircea Tudor, qui porte un costume impeccable très éloigné de la blouse blanche du professeur Tournesol, a toujours été à l'affût de solutions. Après des études d'ingénieur dans les années 1980, il est employé par la société des chemins de fer roumains.

«Je faisais l'entretien technique du matériel importé de l'Ouest. C'était encore la période communiste, nous n'avions pas accès aux informations techniques, aux pièces de rechange, j'étais obligé d'inventer pour remplacer les pièces d'origine que nous n'avions plus, c'était ma formation comme inventeur, un bon entraînement', se souvient-il.

Au début des années 1990, il fonde sa propre société et met au point sa première invention en 1995. Aujourd'hui, son entreprise prévoit un chiffre d'affaires de 20 millions de dollars pour 2010, possède des laboratoires de pointe et une capacité de production pour mettre au point des prototypes.

«Inventer n'est pas une profession, c'est une inspiration, une passion», explique de son côté à l'AFP David Taji, président du jury du salon, qui réunit plus de 700 inventeurs de 45 pays jusqu'à dimanche.

«Les inventeurs ne sont pas plus bardés de diplômes que les autres, mais la majorité ont l'esprit pratique et sont bricoleurs, et il y a beaucoup d'autodidactes», souligne-t-il.

«Un inventeur, c'est quelqu'un qui est un peu rêveur, mais qui aime bien aller jusqu'au bout et concrétiser ses idées», estime pour sa part Claude Fournier.

A 67 ans, cet ancien ingénieur des travaux à l'armée est venu présenter à Genève sa première invention brevetée : un sac à provisions sur roulettes, design, léger et pliable, qui se porte en bandoulière.

«Ce n'est pas de la haute technologie, ça a un côté pratique, je l'ai inventé en essayant d'imaginer comment soulager les personnes âgées qui font leurs courses dans les grandes villes», explique-t-il.

«Réaliser une invention utile, voilà ce qui apporte la plus grande satisfaction», avance aussi M. Tudor.

Rédiger puis déposer un brevet, fonder une société, trouver des fournisseurs... «il y a pas mal d'embûches», prévient toutefois M. Fournier, qui a tout financé avec ses propres économies et espère commercialiser son produit à l'étranger «pour au moins rentrer dans mes frais».

«Pour pouvoir en vivre, il faut être bon dans plusieurs métiers : il faut une très très bonne base technique et juridique, et une connaissance raisonable des questions commerciales et de marketing», estime pour sa part l'ingénieur français Janick Simeray.

A 46 ans, il a déjà breveté 120 inventions, possède son propre laboratoire et réinvestit lui-même les profits dans ses recherches. Cette année, son socle magnétique qui permet de faire léviter des objets est l'une des principales attractions du salon.