En 1982, un Boeing 747 de British Airways a fait une chute de près de 8000 mètres quand ses quatre moteurs se sont arrêtés après avoir franchi un nuage de cendres volcaniques provenant de l'Indonésie.

Le vol plané, un record qui n'a été battu qu'en 2001 par le capitaine Robert Piché d'Air Transat aux Açores, a inspiré un livre - All Four Engines Have Failed - et un épisode de la série télévisée québécoise Mayday. Mais il a aussi déclenché un effort international de prévision de tels nuages de cendres volcaniques.

 

«Au départ, l'objectif était de mieux détecter les nuages pour limiter les risques pour les avions», explique Peter Webley, un météorologue de l'Observatoire des volcans de l'Alaska qui vient de publier une étude sur la question, et qui est lui-même coincé en Angleterre. «Maintenant, on veut réduire les fausses alertes. Par exemple, certains capteurs permettent de détecter le dioxyde de soufre émis avec les cendres volcaniques. Parfois, quand on ne voit rien sur les images satellites, on hésite quand même à rouvrir l'espace aérien, parce qu'il peut rester des quantités encore importantes de cendres. S'il n'y a pas de SO2 non plus, on est plus rassuré.»

Quatre éruptions au Canada

Neuf centres d'avis des cendres volcaniques ont été établis aux quatre coins du monde pour donner des prévisions uniformes aux lignes aériennes et aux autorités. Celui de Montréal, fondé en 1997, recense quatre éruptions ayant affecté l'espace aérien canadien depuis 2008, toutes provenant de l'Alaska. À chaque cas, l'essentiel des fermetures a eu lieu dans l'Ouest canadien.

«D'ici 10-15 ans, on va avoir des données beaucoup plus précises sur les nuages de cendres volcaniques», explique René Servranckx, du centre de Montréal. «Pour le moment, la dizaine de satellites météo en orbite géostationnaire ne peuvent voir qu'à une résolution d'un kilomètre sur un kilomètre si la concentration de cendres n'est pas trop faible. Un petit nuage de cendres peut ne former qu'un pixel sur l'écran.»

Y a-t-il un danger à des concentrations indétectables par les satellites actuels? «Déterminer le seuil où les cendres ne posent plus de danger, c'est la question à un million de dollars, dit le météorologue Servranckx. Mes collègues du centre de Londres se la posent depuis la semaine dernière.»

Deux événements inspirent la prudence, selon M. Servranckx. «En 1997, un avion d'Air Canada a traversé un panache très diffus au-dessus de Monserrat. Le pilote n'était même pas sûr d'avoir frappé de la cendre. Mais après l'atterrissage, il a fallu changer le pare-brise. Ça voulait dire faire venir un autre avion pour ramener d'autres passagers, leur rembourser certains frais, au total c'était une facture de quelques centaines de milliers de dollars. En 2000, un DC-8 de recherche de la NASA a traversé sans le savoir un panache très diffus au-dessus de l'Islande. Seuls les instruments s'en sont rendu compte. Il a fallu démonter les moteurs pour les inspecter et faire 3 millions de dollars de réparations.»