Les trous noirs supermassifs, tout en absorbant toute la matière qui les entoure, pourraient également être à l'origine de la formation des galaxies, estime une équipe d'astrophysiciens dans une étude parue lundi.

Les scientifiques ont formulé cette hypothèse après avoir observé un quasar «nu», c'est à dire dépourvu de galaxie hôte, le HE0450-2958, situé à 5 milliards d'années-lumière de la Terre.

En utilisant une caméra dans l'infra-rouge moyen du Très grand télescope (VLT) de l'Observatoire européen austral (ESO) au Chili, David Elbaz, du Laboratoire d'astrophysique des interactions multi-échelles et ses collègues ont constaté que «la galaxie la plus proche du quasar produisait des étoiles à un rythme effréné».

Les astrophysiciens ont en outre mis en évidence un «pont de matière» entre le quasar et sa galaxie compagnon. «La matière semble s'écouler depuis le trou noir vers cette dernière à très grande vitesse», selon un communiqué de l'Institut de recherche sur les lois fondamentales de l'univers (CEA-Irfu).

«L'injection à très grande énergie de cette matière dans la galaxie suggère que c'est le quasar lui-même qui provoque cette flambée de formation d'étoiles», poursuivent les chercheurs.

«L'âge des étoiles dans cette galaxie est tellement jeune qu'il est possible que non seulement des étoiles viennent de naître, mais aussi que la galaxie toute entière vienne de naître du fait de la présence du quasar à côté», a précisé à l'AFP M. Elbaz.

«La question de savoir qui vient en premier de l'oeuf ou de la poule, de la galaxie ou de son trou noir central est l'un des sujets les plus débattus en astrophysique actuellement», relève l'astrophysicien.

«Autour des quasars, on a constaté l'existence de nuages de gaz qui n'ont pas d'étoiles mais ont la masse d'une galaxie», indique M. Elbaz. Le mariage d'un quasar et d'un nuage de gaz pourrait donc donner naissance aux galaxies.

Les quasars eux-mêmes, d'étranges objets puisqu'ils sont à la fois des trous noirs et les corps célestes les plus lumineux de l'univers par la matière qu'ils échauffent sur leur disque d'accrétion, naîtraient dans les grands filaments de gaz inter-galactiques.

Les travaux de David Elbaz et de son équipe sont publiés dans la revue Astronomy and Astrophysics.