Le lancement de la navette Endeavour a été reporté une fois de plus. Cette fois, ce n'est ni l'orage, ni une fuite de carburant, mais bien une cellule météorologique qui a cloué au sol les membres de la mission STS-127 dimanche soir.

L'astronaute canadienne Julie Payette et ses six autres collègues étaient dans la navette et attendaient le décompte quand la NASA a annoncé un quatrième report.

L'équipage, qui doit rejoindre les astronautes se trouvant déjà à bord de la Station spatiale internationale (ISS), pourra effectuer une nouvelle tentative de décollage lundi.

Le contrôleur de vol de l'Agence spatiale canadienne, Mathieu Caron, a indiqué que plusieurs critières doivent être pris en compte pour permettre le décollage.

«L'équipe craignait que des éclairs se développent, a-t-il expliqué dans une entrevue téléphonique dimanche soir.

Cela dit, nous étions beaucoup plus loin dans le décompte. L'avantage a été de voir que tous les systèmes fonctionnaient bien et n'eût été de la météo, la mission aurait été lancée.»

La déception était néanmoins palpable au sein de l'équipe de la NASA lorsque les nuages ont fait leur apparition environ 90 minutes avant le départ prévu à 19h13, dimanche.

«Ils vont lâcher un ou deux jurons, mais ce n'est qu'un jour de plus (d'attente)», a dit, à propos de l'équipage l'astronaute canadien, Chris Hadfield, qui était sur place pour le lancement.

«Cela représente des années d'efforts. Un jour de plus ou de moins est sans conséquence. L'effet est surtout psychologique, au sein de leurs familles, de leurs amis, de tous ceux qui les soutiennent.»

La soeur de Julie Payette, Maude, a déclaré en plaisantant que c'était «presque une blague», mais que la famille comprenait totalement la situation.

«C'est essentiel pour la sécurité, a-t-elle déclaré en entrevue téléphonique dimanche soir, depuis l'Agence spatiale canadienne, en banlieue de Montréal. (Le décollage aura lieu) au moment où ce sera le bon moment.»

Selon Mathieu Caron, cette préoccupation à l'égard de la sécurité s'est accrue au cours des dernières décennies. «Le renforcement de la sécurité est un processus continuel, depuis (les tragédies de) Challenger et Columbia afin d'assurer la sécurité de l'équipage et de la mission. L'évaluation de la météo fait partie de la procédure opérationnelle normale.»

Les parents de Julie Payette, ainsi que son conjoint et ses enfants, attendent patiemment son envolée en Floride, au Cap Canaveral.

«Il n'y a pas de pression», a ajouté Maude Payette, qui ne pouvait aller en Floride voir sa soeur partir pour son deuxième séjour dans l'espace.

«J'ai hâte pour l'équipage, pour les gens qui forment la mission, parce qu'on sait qu'ils se préparent depuis des mois et eux, évidemment, ils sont sur un qui-vive extrême, autant intellectuellement que physiquement. C'est beaucoup de travail que de reprendre continuellement (les préparatifs de lancement).»

Selon un porte-parole de la NASA, l'éventualité d'une défaillance après décollage qui nécessiterait un retour sur Terre constituait le souci principal de l'agence spatiale américaine, plutôt que la proximité d'un orage. La navette ne peut voler en cas de précipitation.

L'agence américaine prévoit un nouveau lancement lundi, à 18h51. Elle a jusqu'à mardi pour se reprendre, après quoi elle doit faire place à un vaisseau russe inhabité.

La mission Endeavour a déjà été retardée trois fois: deux fois au cours du dernier mois en raison d'une fuite d'hydrogène potentiellement dangereuse, ainsi que samedi, en raison de 11 épisodes de foudre à proximité du pas de tir.

La première mission de Julie Payette remonte à 1999, à bord de Discovery.

Endeavour constituera un autre jalon de l'astronautique canadienne, une première, la rencontre de deux astronautes canadiens dans l'espace, puisque Mme Payette s'en va rejoindre son compatriote Robert Thirsk dans la Station spatiale internationale.

M. Thirsk effectue un séjour de six mois dans l'ISS, en vue du déploiement éventuel de robots canadiens sur d'autres planètes.

La NASA requiert des conditions météorologiques presque parfaites pour autoriser un lancement. La pluie, un plafond bas, des orages à proximité, des vents forts causent immanquablement des reports. Or la Floride est l'Etat des orages aux Etats-Unis et une «ceinture d'éclairs» se dessine entre Orlando et Tampa.