Quand elle était petite, Julie Lessard a vu des membres de sa famille proche touchés par le cancer, et des oncles et un grand-père en mourir. Elle a décidé de s'en occuper personnellement. Sa carrière était tracée.

Aujourd'hui, à 35 ans, elle dirige son propre laboratoire de biochimie à l'Université de Montréal. «Je n'ai jamais hésité, dit-elle. Depuis que j'ai appris mes premières notions de biologie à l'école secondaire, je savais que c'était ce que je voulais faire.»

La jeune chercheuse a fait un baccalauréat à l'Université d'Ottawa, après des études collégiales en Mauricie, sa région natale, puis fait un doctorat à l'Université de Montréal, et enfin un stage post-doctoral de quatre ans à la prestigieuse Université Stanford en Californie. Voilà deux ans, elle a décidé de revenir au Québec, et s'est vue offrir la Chaire de recherche du Canada en génétique moléculaire de l'hématopoïèse des cellules souches. L'hématopoïèse est un processus biologique impliqué à la fois dans la création du sang et dans la prolifération des cellules cancéreuses de la leucémie. Durant son doctorat, Mme Lessard avait découvert un gène essentiel à l'auto-renouvellement des cellules souches hématopoïétiques normales et leucémiques.

Que pense-t-elle de la récente controverse sur le déclin de Montréal comme ville universitaire ? « Personnellement, je ne vis pas de déclin. Mon laboratoire à l'Institut de recherche en immunologie et en cancérologie a l'équipement le plus moderne, grâce aux programmes de subventions canadiennes à la recherche, et j'ai eu de l'argent pour mettre sur pied mon équipe de recherche. Et l'Institut est le seul centre de recherche en chimie médicinale en Amérique du Nord où tout est conçu pour transposer mes recherches vers le développement de thérapies contre le cancer. On va pouvoir élaborer des médicaments beaucoup plus tôt. C'est sûr qu'on s'inquiète souvent de l'exode des cerveaux, mais ce n'est pas nouveau. »

La passion pour la science lui vient-elle de sa famille? «Non, mon père avait une compagnie et ma mère était enseignante. Mais elle m'a probablement donné la passion d'apprendre et de partager mes connaissances.»