Présentez son plat favori à un homme et il résistera. Faites de même avec une femme, et elle aura plus de mal. Tels sont les résultats d'une petite étude américaine qui, s'ils étaient confirmés à plus grand échelle, pourraient expliquer pourquoi l'obésité est plus fréquente chez elles.

Ces résultats sont publiés dans le dernier numéro des «Proceedings of the National Academy of Science».Gene-Jack Wang et ses collègues du laboratoire national de Brookheaven voulaient comprendre pourquoi certaines personnes mangent de façon excessive et grossissent, et d'autres pas.

Ils ont donc fait un scanner cérébral à 13 femmes et 10 hommes, qui avaient jeûné pendant la nuit, pour voir comment un cerveau réagit à la vue de son mets favori.

«Il se passe quelque chose chez les femmes», a déclaré Wang dans une interview téléphonique, «le signal est totalement différent».

Les participants étaient interrogés sur leur nourriture favorite, de la pizza aux hamburgers, en passant par le gâteau au chocolat, avant d'être invités à ne rien manger pendant la nuit. Le lendemain matin, on leur faisait passer le scanner, alors qu'ils étaient mis en face de leur mets préféré. Dans le même temps, ils utilisaient une technique baptisée inhibition cognitive, qu'ils avaient apprise, pour supprimer toute pensée liée à la faim ou au fait de manger.

Si tant les hommes et les femmes se disaient satisfaits de cette technique d'inhibition, qui diminue la sensation de faim, les scanners eux sont venus montrer que si l'activité cérébrale des hommes diminuait bien, la région du cerveau féminin en relation avec l'alimentation restait, elle, en activité.

«Même si les femmes prétendaient avoir moins faim lorsqu'elles essayaient d'inhiber leur réponse à la nourriture, leurs cerveaux continuaient à 'fonctionner» dans les régions qui contrôlent la faim», a remarqué Gene-Jack Wang.

Cette technique cognitive pourrait être un traitement efficace contre l'obésité, a déclaré de son c'té Rosalyn Weller, professeure de psychologie de l'Université d'Alabama à Birmingham. Rosalyn Weller est extérieure à la recherche.

Pour Nora Volkow, directrice de l'Institut national de l'addiction aux drogues, et coauteure de l'article, la différence hommes-femmes a été une surprise, liée peut-être aux besoins nutritionnels différents selon le sexe. Une simple hypothèse, précise-t-elle: la femme étant traditionnellement chargée de nourrir les enfants, le cerveau féminin pourrait être programmé pour manger dès que des aliments sont disponibles. Il faudrait ensuite savoir si les hormones féminines réagissent directement avec ces sections spécifiques du cerveau.

Selon les études comportementales, observe Wang, les femmes ont plus tendance que les hommes à manger de façon excessive quand on leur présente des plats savoureux ou lorsqu'elles sont en difficulté psychologique. Un phénomène qui pourrait être lié aux différences hormonales, et des études vont être menées pour vérifier cette hypothèse.

Alice Lichtenstein, spécialiste du comportement alimentaire à la Tufts University, a jugé ce travail «très intéressant». Selon elle, différents facteurs interviennent dans les choix alimentaires: «en ayant une meilleure compréhension de ces différents facteurs, nos aiderons mieux les gens à réguler» leur alimentation, a-t-elle estimé.

L'obésité augmente et selon Wang, les changements dans la société en sont en partie responsables: alors que les choix étaient saisonniers et limités chez nos ancêtres, l'éventail de choix est aujourd'hui beaucoup plus large.

Selon les Centres de prévention et de contrôle des maladies, 35,3% des américaines et 33,3% des américains sont considérés comme étant obèses.