Le sous-continent indien, avec plus d'un cinquième de la population mondiale, paie un lourd tribut aux maladies du coeur - 60% des cas au monde en 2010 -, à cause de la fréquence d'une mutation génétique qui aggrave considérablement les risques.

Selon les travaux menés par une équipe de 25 chercheurs de quatre pays, publiés dimanche dans la revue spécialisée Nature Genetics, cette mutation consiste en l'effacement de 25 lettres du code du gène de la protéine MYBPC3.Elle est portée par 4% de la population du sous-continent (Inde, Pakistan, Bangladesh, Sri Lanka), soit quelque 60 millions de personnes.

Les maladies cardiaques peuvent être dues à d'autres causes génétiques, à l'environnement ou au mode de vie.

La mutation a été mise au jour il y a cinq ans dans deux familles indiennes souffrant de myopathies cardiaques. Son impact est apparu clairement après l'étude qui vient d'être menée auprès de 1500 personnes de régions différentes de l'Inde, souffrant ou non de maladies cardiaques.

Sa présence a également été constatée au Pakistan et au Sri Lanka, et elle est probable au Bangladesh. Des cas ont aussi été répérés en Malaisie (qui compte une minorité indienne) et en Indonésie, mais nulle part ailleurs.

Cette mutation, qui «conduit à la formation d'une protéine anormale», multiplie plusieurs fois le risque d'avoir une maladie cardiaque, selon Kumarasamy Thangaraj, du Centre de Biologie cellulaire et moléculaire d'Hyderabad (Inde), qui a conduit l'étude.

Pour une mutation de gène unique, l'effet est «incroyablement élevé», souligne un des chercheurs, Chris Tyler-Smith, du Wellcome Trust Sanger Institute à Hinxton (Grande-Bretagne).

«Nous pensons que cette mutation est apparue il y a environ 30.000 ans en Inde», explique M. Tyler-Smith. Elle s'est répandue et n'a pas été éliminée par la sélection naturelle parce que la maladie du coeur ne se manifeste qu'à un âge avancé, alors que les personnes concernées ont déjà eu des enfants, auxquels elles ont pu transmettre le défaut génétique.