Des chercheurs ont expliqué comment des personnes devenues sourdes conservent la faculté de parler intelligiblement pendant plusieurs années, réalisant ainsi une avancée dans la compréhension de la production de la parole, indique une étude publiée dimanche par la revue Nature Neuroscience.

David Ostry et Sazzad Nasir de l'Université McGill au Canada ont réalisé une expérience d'apprentissage moteur de la parole chez 5 sujets devenus sourds profonds une fois adultes et 6 autres sans problèmes d'audition, d'âge comparable.

Les personnes sourdes étaient porteuses d'un implant cochléaire mais le dispositif avait été mis hors circuit pour l'expérience.

Les participants devaient émettre de courtes syllabes alors que le mouvement de leurs mâchoires était légèrement contrarié par un appareillage, provoquant tout d'abord une déformation des sons. Mais après des centaines de répétitions, les participants étaient capables d'adapter leurs mouvements pour corriger ces erreurs, sourds et entendants montrant la même faculté d'adaptation.

Selon les chercheurs, ces travaux montrent que la production de la parole est à la fois reliée à l'audition et à des récepteurs des muscles, de la peau, et des tissus mous du conduit vocal, qui gardent en mémoire des sensations.

«Quand un enfant apprend à parler, il reçoit deux types d'informations», a expliqué David Ostry à l'AFP. «L'une est une information auditive, le son de sa propre voix. Au même moment, il reçoit aussi des informations de récepteurs dans la peau et les muscles».

«Lorsque vous êtes sourd, vous avez perdu l'un des deux systèmes à la base de la parole, mais vous en conservez un. Et ce dernier compte pour une énorme proportion dans l'afflux sensoriel associé à la parole», a indiqué le chercheur. «Cela peut être une base pour une thérapie du langage», a-t-il conclu.