e célèbre obélisque d'Axoum, réinstallé dans cette ville du nord de l'Éthiopie après sa restitution par l'Italie, a été officiellement inauguré et dévoilé jeudi à la population après plus de trois ans de travaux pour réinstaller cette stèle funéraire géante.

Les drapeaux éthiopien et italien recouvrant l'obélisque ont été retirés conjointement jeudi matin par le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi et le secrétaire d'État aux Affaires étrangères italien Alfredo Mantica, devant des milliers de personnes massées depuis 6h locales sur le site.

Un échafaudage soutient encore la structure de l'obélisque et devrait être retiré d'ici trois mois, a constaté l'AFP.

«Le gouvernement italien actuel doit être remercié pour le travail accompli. Le retour de l'obélisque panse les plaies causées par les souffrances du passé», a lancé à la foule le président éthiopien Girma Wolde Giorgis.

«La décision (en 2002) du (chef de gouvernement italien) Silvio Berlusconi de rendre l'obélisque a ouvert un nouveau chapitre dans les relations entre l'Ethiopie et l'Italie. Je voudrais remercier l'actuel gouvernement (italien) au nom de mon gouvernement», a commenté M. Meles.

Des enfants portant des costumes traditionnels éthiopiens et d'autres en tenues de gladiateurs romains ont également participé à la cérémonie, au son d'une musique traditionnelle.

L'obélisque, de plus de 150 tonnes et de 24 mètres de haut, daté du 3e-4e siècle après Jésus-Christ, avait été emmené par les troupes mussoliniennes en 1937 lors de la conquête de l'Éthiopie.

Le monument gisait alors au sol en trois morceaux à la suite d'une attaque des musulmans au XVIe siècle. Il avait été emmené à Naples dans un premier temps, puis installé à la demande de Benito Mussolini à Rome devant le ministère des Colonies.

La ville d'Axoum (environ 575 km au nord de la capitale Addis Abeba) avait été inscrite au Patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco en 1980.

Après avoir été démonté en trois tronçons en janvier 2005 à Rome, l'obélisque a été ramené en Éthiopie en avril 2005, et a donné lieu à des travaux de réinstallation de longue haleine.

Depuis son enlèvement par les Italiens, Addis Abeba n'avait cessé de réclamer la restitution de cet important vestige historique, témoignage de la grandeur passée de la civilisation d'Axoum qui, du IIIe siècle avant Jésus-Christ au VIIIe siècle, a rayonné dans toute la Corne de l'Afrique.

La ville d'Axoum était la capitale de ce royaume connu pour son commerce de tissus, d'encens et de bijoux.

«Nous assistons non seulement au retour d'un monument culturel mais aussi à un tournant historique dans les relations entre l'Ethiopie et l'Italie», a déclaré lors de la cérémonie M. Mantica.

Weyni Tesfai, 22 ans, étudiant en Allemagne et en visite dans sa famille, s'est dit «très heureux et fier». «C'est très important pour nous qu'il soit revenu», a-t-il dit à l'AFP.

«Ma joie est sans limite; cela nous rappelle les sacrifices que nous avons fait dans le passé», a confié Asfaw Abebe, vétéran de guerre âgé de 85 ans, qui raconte avoir rejoint son père à 14 ans pour combattre l'armée mussolinienne, avant que son père ne soit décapité par ces troupes italiennes.

Le royaume d'Axoum, converti au christianisme entre 325 et 500 selon les historiens, a perdu peu à peu de son influence, concurrencé par l'islam et par la route commerciale ouverte à l'est avec le port de Djibouti.

Les stèles d'Axoum font partie des sept sites d'Ethiopie classés patrimoine de l'humanité par l'Unesco. Le site archéologique des stèles s'est considérablement enrichi en 2005 avec la découverte d'une importante nécropole royale, antérieure à l'ère chrétienne.