L'âge de Toumaï (Sahelanthropus tchadensis), qui représenterait la plus ancienne espèce connue d'hominidé avec 7 millions d'années, est remis en question dans un commentaire publié par le découvreur du fossile, Alain Beauvilain, dans le South African Journal of Science.

En février dernier, le «père» scientifique de Toumaï, le paléontologue Michel Brunet, professeur au Collège de France, fixait dans une étude publiée dans les Annales de l'Académie américaine des sciences (PNAS) à 7 millions d'années l'âge du crâne mis au jour en 2001 à l'ouest de la vallée du Rift, dans le Djourab tchadien.

Ce chiffre a été obtenu par l'analyse isotopique des sédiments du site de la mise au jour, a déclaré à l'AFP Alain Beauvilain, géographe, qui dirigeait la mission sur le terrain à l'origine de la découverte. Il serait en effet possible d'en déduire l'âge du crâne si celui-ci avait été «pris» dans les sédiments. Or «ce n'était pas le cas», précise-t-il.

Le Pr Brunet, qui n'était pas sur place au moment de la découverte, a toujours écrit que le crâne était «incrusté» dans les sédiments, qu'il en avait été «extrait», note M. Beauvilain dans son article publié dans le dernier numéro de la revue de l'Académie des Sciences d'Afrique du Sud. Or, explique-t-il, photos prises sur place à l'appui, il reposait sur le sol, «sur une surface constituée de sable meuble sans cesse remaniée par le vent». Il a été tout simplement «ramassé».

Cela signifie, relève-t-il dans l'article, qu'il pouvait provenir d'un tout autre endroit avant d'être entraîné jusque-là par l'érosion, notamment celle des vents, comme c'est le cas dans les déserts pour tout objet.

«Comme les paléontologues expérimentés le savent bien, il peut y avoir une différence considérable entre l'âge du substrat (le sol, ndlr), et celui d'un fossile traînant à sa surface», insiste-t-il.

«Il faut rappeler les choses telles qu'elles se sont passées», a-t-il dit à l'AFP, en reprenant l'histoire de la découverte telle qu'il l'avait déjà rapportée dans un ouvrage paru en 2003, «Toumaï, l'aventure humaine».