Une lueur d'espoir pour les 330 000 couples canadiens qui sont incapables d'avoir des enfants. Des chercheurs canadiens et européens viennent de découvrir un gène qui gouverne l'ovulation, laissant entrevoir de nouveaux traitements pour contrer la stérilité.

À l'origine, les scientifiques croyaient que le gène Lrh1 dictait le fonctionnement du foie. Mais dans une étude publiée dans la revue Genes&Development, le Dr Bruce Murphy, directeur du Centre de recherche en reproduction animale à l'Université de Montréal, soutient qu'il pilote en fait les multiples mécanismes de l'ovulation.

Pour en arriver à cette conclusion, le chercheur et son collègue, Rajesha Duggavathi, ont effectué une série de croisements sur des souris afin d'en modifier le code génétique. Ils ont mis au point un animal dont le gène Lrh1 était exclu de l'ovaire. Étape suivante, ils ont placé la femelle dans une cage avec un mâle. Et six mois plus tard..., il n'y avait encore que deux animaux!

«La souris qui est sortie de ce croisement était complètement stérile, explique le Dr Murphy. Elle était incapable de se reproduire parce qu'elle n'ovulait pas.»

Nouveaux traitements

La découverte peut sembler triviale, mais elle ouvre la porte à une série de nouveaux traitements. Car même s'il existe certaines techniques pour permettre aux couples stériles d'avoir des enfants, cette condition - qui affecte environ 15% des couples canadiens - demeurait jusqu'ici un mystère pour la science.

Le Lrh1 agit en produisant des protéines qui dictent le mécanisme de l'ovulation. On peut donc entrevoir de nouveaux médicaments qui se substitueront au gène pour injecter les protéines nécessaires au mécanisme à la base de la conception.

«Il va être possible de créer un médicament qui peut directement agir sur cette protéine, explique le chercheur. Soit augmenter son activité dans des cas d'infertilité, soit la réduire pour produire un contraceptif.»

Pas pour demain

Mais le baby-boom chez les couples infertiles n'est pas pour demain matin, prévient le Dr Murphy. Car entre la découverte du gène et la mise en marché d'un nouveau médicament, il faudra compter au moins huit bonnes années de recherche et de développement.

«Pour moi, le plus important de notre travail est qu'il nous donne des indices, dit-il. Ça nous permet de savoir où explorer lorsqu'on veut savoir pourquoi un couple est infertile.»