Un médicament qui empêche des globules blancs, chargés de la défense de l'organisme, de circuler dans le sang, a paradoxalement permis à des souris de combattre une infection virale chronique cause de méningite, selon des chercheurs américains.

Leurs travaux, publiés jeudi dans la revue scientifique britannique Nature, pourraient avoir des implications pour les stratégies de traitements des infections virales chroniques humaines (hépatites C, voire virus du sida).

L'équipe de Mary Premenko-Lanier et du professeur de microbiologie John Altman d'Atlanta a utilisé le fingolimod, molécule surnommée «FTY720» qui empêche notamment les lymphocytes de sortir des ganglions.

Généralement les immunosuppresseurs - utilisés par exemple pour éviter les rejets d'organes greffés - et/ou l'effondrement du nombre de globules blancs sanguins («lymphopénie») s'accompagne d'un affaiblissement du système de défense immunitaire face aux infections.

La molécule «FTY720» a été testée sur des souris souffrant de méningites d'origine virale.

Les souris traitées ont réussi à se débarrasser d'un virus de la chorioméningite lymphocytaire (VCML/LCMV) grâce à cette molécule expérimentale testée contre la sclérose en plaques et pour empêcher le rejet d'un rein transplanté.

Le «FTY720» apparaît prévenir l'épuisement d'un groupe de globules blancs sanguins, appelés lymphocytes T CD8+ qui tuent les cellules infectées par le virus en question. Habituellement, le stress de l'infection détruit certaines cellules T laissant les autres incapables de réagir face au virus, selon le Pr Altman.

On ne sait pas clairement cependant si la molécule réveille les cellules T inactives ou si elle permet d'éviter à de nouvelles cellules d'être anéanties.

Les chercheurs vont néanmoins tester l'effet de la molécule sur différents autres virus.

Le fingolimod est un dérivé de la myriocine, puissant immunosuppresseur trouvé dans un champignon utilisé en médecine traditionnelle chinoise.