Des chercheurs américains ont trouvé le moyen d'améliorer considérablement la lecture des empreintes digitales, au point d'y détecter des substances en proportion infinitésimales, une avancée scientifique qui permet de mieux résoudre des énigmes telles que celle de l'envoi de lettres empoisonnées à l'anthrax ou encore celle du meurtre, en 1996, d'une petite reine de beauté.

En cas de manipulation d'héroïne, d'explosif ou de tout autre matériel, il peut subsister dans une empreinte digitale des traces suffisantes pour confondre les suspects, résume le chimiste Graham Cooks, de la Purdue University.

Les progrès en médecine légale sont le résultat d'une combinaison entre les nouvelles techniques, comme celles utilisées dans l'affaire de l'anthrax, et des procédés existants, notamment ceux dont se servent les experts pour élucider les meurtres d'enfant, précise Max Houck, directeur du département de médecine légale à la West University.

Ce sont ces améliorations dans la recherche en génétique qui ont permis à la police américaine de relier l'anthrax des attaques de 2001 à un type particulier de spores du bacille de charbon, a expliqué le FBI cette semaine.

Et dans l'affaire du meurtre non élucidé de JonBenet Ramsey, petite «miss» de six ans, il aura fallu attendre cette année pour que le résultat de nouveaux tests permette de désigner un suspect jusque-là inconnu, innocentant du même coup les membres de la famille. La méthode n'était pas nouvelle, mais enseignée à l'Université de Virginie-Occidentale et utilisée par les procureurs pour leur propre compte.

Avec la nouvelle méthode d'analyse, les techniciens de la police, armés de spectromètres de masse miniatures, pulvérisent un solvant et peuvent détecter des substances à des concentrations aussi faibles que 5 particules par million de gouttelettes, lorsqu'elles se répandent à l'extérieur de l'empreinte, a expliqué Graham Cooks dans une interview téléphonique.

La méthode testée, présentée dans la dernière livraison de la revue «Science», pourrait être disponible dans un an ou deux, a ajouté Cook.

Le chimiste explique que des substances comme la cocaïne ou les explosifs militaires sont difficiles à faire disparaître des doigts. Quelqu'un qui en a manipulé, lorsqu'il touche ensuite quelque chose de dur, comme un cahier en plastique, y déplacent les substances. Elles sont localisées au niveau des stries des empreintes digitales. Du coup, ce que l'on retrouve sur la surface dure est l'empreinte chimique. La police peut non seulement identifier la personne, mais aussi faire le lien entre la personne et la substance, souligne-t-il.

Selon Demian Ifa, co-auteur de l'étude et professeur à la Purdue University, cette technologie peut aussi aider à découvrir des empreintes cachées.

«Comme la répartition des substances retrouvées dans chaque empreinte est unique, nous pouvons aussi nous servir de cette technologie pour extraire une empreinte cachée par une autre», note-t-il. «En cherchant des substances chimiques que nous savons présentes dans une empreinte digitale, nous pouvons la séparer des autres et obtenir une image claire comme du cristal.»