La lutte contre le sida, avec trois millions de personnes sous traitement et beaucoup d'argent disponible, laisse ouvertes nombre de questions sur les coûts à venir, une prévention prometteuse et un vaccin toujours espéré, au terme de la conférence de Mexico.

Cette 17e réunion internationale sur le sida, qui se tenait pour la première fois en Amérique latine, a rassemblé pendant six jours un peu plus de 20 000 délégués de quelque 175 pays pour plus de 600 débats ou réunions, sans compter les 80 conférences de presse pour les 2000 journalistes.

Si l'avancée des traitements a été saluée, puisqu'elle fait du sida une maladie chronique, la question des financements demeure lancinante pour la communauté internationale, qui y a consacré dix milliards de dollars en 2007.

Déjà, sur 33 millions de séropositifs à ce jour (un chiffre toujours en augmentation en raison de l'efficacité des traitements et de l'apparition de nouveaux cas), 10 millions auraient besoin d'être traités, dont un tiers le sont. Du fait d'une évolution lente de la maladie, le nombre de séropositifs à soigner augmente chaque année.

Une augmentation des coûts est à prévoir, avec le changement progressif de médicaments devenus inefficaces pour de nouvelles molécules et de nouveaux brevets. Pour certains responsables, il apparaît d'ores et déjà «improbable» que la communauté internationale ait les moyens de traiter pendant toute leur vie tous ceux qui ont ou auront besoin d'antirétroviraux, le virus ne lâchant jamais prise.

Les responsables des grands organismes spécialisés commencent à revenir sur l'engagement pris en 2006 par les Nations unies, «traitement pour tous en 2010». «On ne tiendra pas la date, mais c'est un objectif qui aide à avancer», notait un délégué à Mexico.

Les progrès sont déjà considérables: de 200 000 patients traités en 2002 on est passé à 3 millions en 2007.

Selon Seth Berkley, président d'un organisme américain de recherche sur le vaccin, le traitement à vie de ceux qui en auront besoin pourrait coûter quelque chose comme 90 milliards de dollars par an d'ici 2015, si rien ne change.

Plutôt que des subventions annuelles, il faudrait des «financements pérennes», estime Jean-François Delfraissy, directeur de l'Agence française de recherches.

Certains ruent dans les brancards, tel Stephen Lewis, ancien envoyé spécial de l'ONU pour le sida en Afrique, qui reproche aux responsables leur «manque d'énergie» et leur «passivité».

Les chercheurs quant à eux estiment qu'ils n'ont «pas le choix» et qu'il est plus urgent que jamais de poursuivre la recherche sur le vaccin et les gels microbicides, qui n'a encore rien donné.

La prévention pour tenter de supprimer le problème à la source, en combinant notamment plusieurs moyens -préservatifs, circoncision, échange de seringues, changement de comportements-, a été au coeur de la Conférence de Mexico.

À cet égard, l'utilisation des anti-rétroviraux à titre préventif, dont le succès est avéré contre la transmission mère-enfant, suscite de nouveaux espoirs. Le Tenofovir, utilisé en post-traitement pour les personnels de santé qui se blessent, pourrait l'être aussi par ceux qui vont entrer dans une situation à risque. Les études n'ont pas encore abouti, mais les pronostics sont favorables.

De nouveaux sujets sont arrivés sur la table de la Conférence, tels que la stigmatisation des homosexuels, qui touche aussi les pays d'Afrique et fait obstacle à la prévention, et les problèmes des enfants.

Autriche 2010

La prochaine conférence internationale sur el sida se tiendra du 18 au 23 juillet 2010 à Vienne, a annoncé à Mexico la société internationale du sida (IAS), organisatrice de la plus vaste rencontre sur le sujet.

La proximité de la capitale de l'Autriche de l'Europe de l'Est et de l'Asie centrale, une région selon les spécialistes à la veille d'une «véritable épidémie», explique notamment le choix de Vienne pour la XVIIIe réunion internationale du sida.

Selon les chiffres de l'Onusida, quelque 150 000 personnes ont été nouvellement infectées en Europe de l'Est et en Asie centrale en 2007, où le nombre total des personnes infectées par le virus est de 1,6 million, une augmentation de 150% depuis 2001.

Le Canadien Julio Montaner, directeur des activités cliniques du Centre d'excellence sur le sida de Colombie Britannique, a succédé vendredi au Mexicain Pedro Cahn à la tête de l'IAS, qui change de président tous les deux ans à l'issue de la conférence internationale.