La Lune était à son origine très riche en eau, et des traces en subsistent jusqu'à ce jour à sa surface, ont démontré trois géologues dans une étude publiée mercredi par la revue britannique Nature.

Les scientifiques ont analysé des échantillons de roches volcaniques appelées «verres» collectées lors des missions Apollo 11,15 et 17, ne présentant pas les caractéristiques géochimiques de météorites ou de comètes et qui contiennent toute une variété d'éléments volatils, dont de l'eau.

Jusqu'à présent, la théorie qui prévalait expliquait la présence d'éventuelles traces d'eau près des pôles de la Lune par l'impact de météorites ou de comètes.

Erik Hauri, de l'institut Carnegie à Washington et ses collègues sont arrivés à l'idée d'une présence originelle de l'eau grâce à une nouvelle méthode de spectrométrie de masse permettant de déceler la présence de l'eau en très faible quantité.

Les géologues ont ensuite calculé que le manteau et la croûte de la Lune ont dû, lors de sa formation il y a quelque 4,5 milliards d'années, contenir une quantité d'eau comparable à celle de la Terre.

«Ces résultats soulèvent de nombreuses questions», écrit dans un commentaire publié par Nature le géologue français Marc Chaussidon. «Qu'est devenue toute cette eau durant la formation de la Lune ? Et si la Lune n'est pas totalement sèche, d'où cette eau vient-elle ?»

Aujourd'hui, la plus grande partie de l'eau sur la Lune s'est évaporée dans l'espace, notamment à cause des températures diurnes très élevées à la surface de notre satellite, qui peuvent dépasser les 100 degrés.

«Environ 95% de la vapeur d'eau du magma a été dispersée dans l'espace lors du dégazage» des volcans, «mais des traces de vapeur d'eau ont pu se diriger vers les pôles froids de la Lune, où ils se sont fixés sous forme de glace à l'ombre de cratères», selon un communiqué de l'université de Brown, où travaille Alberto Saal, l'un des auteurs de l'étude.

La détection de glace sera l'une des missions de la sonde Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO) de la Nasa, qui doit cartographier avec une grande précision la surface de la Lune pour préparer une reprise des vols habités à l'horizon 2020.