Pas moins de 22 000 personnes se retrouvent à Mexico du 3 au 8 août pour la XVIIe conférence internationale sur le sida alors que montent les interrogations sur les financements, considérables mais insuffisants, la recherche sur le vaccin qui piétine et les résultats limités de la prévention.

«Agir partout maintenant», proclame cette 1re réunion à se tenir en Amérique latine, avec en arrière-plan l'objectif fixé par les pays membres de l'ONU de permettre à tout le monde d'accéder à la prévention ou au traitement d'ici 2010.

Une promesse difficile à tenir, en dépit des milliards de dollars consacrés au problème, avec un nombre de personnes infectées -33 millions en vie- en progression constante du fait de l'efficacité des traitements.

Le sida est certes devenu dans les pays développés une maladie chronique touchant surtout homosexuels et toxicomanes, à qui les trithérapies ont donné 13 ans d'espérance de vie supplémentaires. Mais en Afrique australe, il reste mortel, concerne hommes, femmes et enfants, et seulement 30% des séropositifs ont accès à un traitement.

«Personne ne peut se satisfaire du niveau de réponse auquel nous sommes parvenus», plaide Pedro Cahn, président de la société internationale du sida (IAS), qui organise la conférence.

Pourtant, la mobilisation internationale a permis de multiplier par sept en quatre ans le nombre des personnes traitées dans les pays en développement. En termes d'accès, le succès «est à notre portée», assure Craig McClure, directeur exécutif de la IAS.

Selon l'Onusida, qui coordonne l'action contre le virus, il faudrait 42 milliards de dollars -plus de quatre fois l'argent aujourd'hui disponible- pour parvenir à un accès universel.

Chercheurs, médecins, responsables, associations, acteurs de terrain, malades vont discuter à Mexico des meilleurs moyens d'y parvenir. Le secrétaire général des Nations-unies Ban Ki-moon, la directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé Margaret Chan, le président mexicain Felipe Calderon ouvriront le ban. Tous les ténors du secteur seront là, mais très peu de responsables politiques, et aucun membre du gouvernement français.

«Il y a un désintérêt global sur le sida, alors que jamais il n'y a eu autant de gens qui vivent avec», constate amèrement Jean-Luc Romero, président de l'association française Élus locaux contre le sida.

25 ans après la découverte du virus, l'élan semble retombé. Alors que la mise au point d'un vaccin est en panne, l'essentiel des crédits, énormes, sont allés à la recherche sur les traitements. Seulement 20% des fonds de l'imposant plan américain Pepfar vont à la prévention.

«Il est clair que le traitement tout seul ne mettra jamais un terme à la pandémie», notait récemment Anthony Fauci, directeur de l'Institut américain des maladies infectieuses (NIAID), rappelant que pour une personne nouvellement traitée, trois autres sont nouvellement infectées, et que le traitement dure toute la vie.

Certains contestent donc la stratégie suivie, estimant que l'argent pourrait être mieux utilisé au service d'autres maladies comme le paludisme, première cause de décès parmi les enfants de moins de 5 ans en Afrique, et la tuberculose.

«Pourquoi pas aussi une agence de l'ONU pour la pneumonie ou le diabète ?», interpelle Roger England, de l'agence indépendante Health Systems Workshop, dans le magazine British Medical Journal (BMJ) de mai.

«Le virus est toujours un défi immense qui mérite une réponse exceptionnelle», répond Pedro Cahn.

La prévention - préservatifs, éducation, circoncision, gels microbicides- fera un retour en force à la Conférence, forte de ses premiers succès et de la baisse progressive des contaminations nouvelles.

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