Mieux dépister les tumeurs chez les femmes aux seins trop denses pour les mammographies ordinaires: c'est le but recherché par des scientifiques américains qui étudient une nouvelle technique d'imagerie en trois dimensions pour ces sujets davantage susceptibles de développer un cancer mammaire que la moyenne.

Par ailleurs, une imagerie du dernier cri se révèle plus rapide, plus compétitive et moins chère que l'IRM traditionnelle réservée aux femmes à haut risque.

Ces deux techniques sont en cours d'expérimentation. Mais les travaux sont suivis de près, le besoin étant important dans ce domaine: aux États-Unis, on estime que la moitié des femmes de moins de 50 ans et le tiers de celles de plus de 50 ans ont des seins très denses.

Seule une mammographie peut témoigner de la densité du tissu mammaire mais une fois avertie par le médecin, la femme ne sait pas comment être mieux surveillée.

Les besoins en imagerie des femmes aux seins très denses est un problème de plus en plus important, estime Robert Smith, spécialiste du dépistage à la Société américaine du cancer.

La mammographie est un examen qui utilise les rayons X et qui cherche les zones les plus denses, signal potentiel d'une tumeur. En dépistant des tumeurs à un stade précoce et plus guérissable, la mammographie pratiquée à partir de 40 ans contribue à diminuer le nombre de morts par cancer du sein.

Elle est toutefois loin d'être parfaite, et les seins denses représentent son plus grand obstacle. Certains médecins prescrivent déjà, en plus de la mammographie, une échographie, le même examen que pour observer le foetus dans le ventre de sa mère. Quelques études soulignent l'amélioration du dépistage grâce à l'échographie mais l'examen reste controversé. D'autres femmes bénéficient d'une IRM, un examen qui détecte les modifications du débit sanguin: un signal potentiel de cancer.

Mais l'IRM n'est pas réservés aux seins denses, en partie à cause de son prix très élevé: 1000 dollars de plus que la mammographie. Dans les deux cas, on observe par ailleurs de nombreux «faux positifs», c'est-à-dire des zones jugées suspectes qui s'avèrent normales.

Restent les nouvelles technologies. Les mammographies en deux dimensions donnent des images plates à partir d'une surface qui ne l'est pas. Quand, pour faire une mammographie, les techniciens écrasent littéralement les seins des femmes dans l'appareil, c'est pour étaler le tissu mammaire au maximum, de façon à réduire la surface cachée par le tissu sain.

«La mammographie stéréo» permet aux radiologues de voir ces images en 3-D et éventuellement de repérer une petite tache qui ne sera plus cachée par du tissu sain.

Nous avons une perception profonde parce que chaque oeil a une vue légèrement différente, ce qui permet au cerveau de construire une vue en 3-D quand il rapproche les deux images, explique le Dr Newell, d'Emory. C'est le concept des stéréoscopes, ces gadgets qui aident les gens à voir des images en trois dimensions -en relief.

Les mammographes stéréo, développés par BBN Technologies, à Cambridge, Massachusetts, fonctionnent de la même manière. Les images aux rayons X sont réalisées sous des angles légèrement différents, après quoi les radiologues chaussent des lunettes qui permettent à chaque oeil de voir les images séparément sur des écrans spéciaux. Et le cerveau les interprète comme une simple image en 3-D.

Dans une étude à paraître très prochainement, les radiologues d'Emory ont pratiqué une mammographie et une mammographie stéréo chez 1500 femmes à risque accru de tumeur. Les résultats ont été analysés par plusieurs radiologues: le nombre de tumeurs détectées par mammographies stéréo était supérieur de 23%. Quant aux faux positifs, ils étaient diminués de 46%.

Autre innovation technologique, l'Imagerie moléculaire du sein (IMS) de la Clinique Mayo, un établissement renommé aux États-Unis. Cet appareil fonctionne de façon différente, étudiant plus le fonctionnement du tissu que son aspect.

Les médecins injectent un traceur radioactif, une substance déjà utilisée en cardiologie, qui s'accumule dans les tumeurs et s'illumine quand on branche une petite camera gamma.

L'examen peut être réalisé en même temps que la mammographie, dans la même pièce, alors que l'IRM nécessite une longe préparation. Selon les résultats comparatifs de 48 femmes à haut risque ayant bénéficié d'une IMS expérimentale et, dans le mois suivant, d'une IRM classique, l'IMS a détecté au moins autant de cancers que l'IRM, soit 51 tumeurs chez 30 patientes, alors que l'IRM en a trouvé 53 chez 31 patientes, souligne Carrie Beth Hruska, radiologue à la Clinique Mayo. La piste continue d'être explorée.