Demain débute à Mexico la 17e Conférence internationale sur le sida. Jusqu'au 8 août, 25 000 participants, 3000 journalistes et des personnalités du monde entier y sont attendus afin de discuter des plus récentes avancéeset des défis encore à surmonter dans ce domaine. La Presse fait le point avec deux Québécois qui y seront.

«Malheureusement, il va y avoir plus de journalistes aux Jeux olympiques qu'à la conférence sur le sida. On voit où sont les priorités dans le monde», lance avec un petit rire le Dr Réjean Thomas, président et fondateur de la clinique L'Actuel, en entrevue avec La Presse.

À l'aube de la XVIIe Conférence internationale sur le sida, le ton sur lequel il fait cette remarque laisse clairement entendre qu'il aurait souhaité un plus grand nombre de journalistes à Mexico qu'à Pékin.

Même chose avec l'argent. Dans le monde, on met bien plus de dollars pour s'entretuer que pour faire la guerre au sida et aux autres maladies. «Il n'y a pas longtemps, on a dit que ça prendrait de 12 à 15 milliards de dollars par an pour traiter tous les malades du sida et faire une prévention efficace. Ce n'est pas beaucoup d'argent quand on évalue à 15 ou 20 milliards par mois le coût de la guerre en Irak», ajoute-t-il.

Les conférences comme celle de Mexico ne servent pas à faire l'annonce de grandes découvertes scientifiques. Mais dans le contexte où la lutte contre le sida véhicule des enjeux autant scientifiques que politiques ou éthiques, elles demeurent essentielles. C'est ce que dit en substance le Dr Thomas, tout comme le Dr Rafick-Pierre Sékaly, professeur titulaire au département de microbiologie et d'immunologie de l'Université de Montréal.

«Les conférences font plus dans l'action politique et médiatique qu'autre chose, nous dit ce dernier. Cet exercice est essentiel.»

Essentiel parce que la conférence rassemble aussi les grands de ce monde. Pour les défenseurs de la lutte contre le sida, c'est l'occasion de rappeler à l'ordre les décideurs quant à leurs engagements passés, présents et futurs pour venir à bout de cette pandémie. «La conférence remet le sida, un problème majeur de santé publique dans le monde, sur la place publique», dit le Dr Thomas.

Plus que jamais, la maladie heurte de plein fouet les pays pauvres, dont les moyens financiers sont limités. Cette année, il faut s'attendre à ce que l'Amérique latine se retrouve au coeur des discussions. Il est facile de comprendre pourquoi: la conférence se déroule pour la première fois dans cette partie du globe.

Un programme chargé

Le programme (en ligne sur www.aids2008.org ) est énorme. Bilan au chapitre des soins, de l'épidémie, des thérapies les plus prometteuses, de la recherche, etc. Aux volets scientifiques s'ajoutent les enjeux sociaux: aspect communautaire, droits de l'homme.

«Cette année, je pense que nous allons beaucoup parler de la criminalisation du VIH, qui est de plus en plus utilisée à outrance, dit le Dr Thomas. Il y a une grande inquiétude des gens de la santé publique à ce sujet. Car si le sida devient trop criminalisé, ça va décourager les gens de se faire dépister.»

Alors que débute la conférence, où en est-on dans la mise au point d'un vaccin, la trithérapie, la dispersion de la pandémie et les préjugés liés au sida? Voici quelques éléments de réponse.