La photo ci-dessus dit tout. C'est ce que nous avons vécu, à différents degrés, pendant deux ans et demi. Vous devinerez l'impact d'un tel environnement sur les ventes d'un commerce de restauration et sur les revenus de tous ceux qui y gagnent leur vie.

Alors que dans ce paysage de pépines et de marteaux piqueurs, nos ventes chutaient de plusieurs centaines de milliers de dollars annuellement, les dirigeants municipaux, eux, nous servaient une augmentation des taxes foncières de 76%.

Dans un contexte normal, une majoration de 76% serait déjà abusive et injustifiable. Dans notre contexte de zone de sinistre, une telle augmentation est simplement ridicule.

Nous avons bien sûr communiqué notre incrédulité aux autorités en remettant nos chèques de paiement et nous avons demandé une révision éventuelle. Ça fait maintenant neuf mois que l'on relance les hauts placés à l'hôtel de Ville mais, à ce jour, la «collaboration avec le citoyen» tarde à se manifester.

Aujourd'hui, notre «inconvénient», coin Sainte-Catherine et Saint-Urbain, tire à sa fin. Avec un peu de chance, les autorités municipales auront un brin d'empathie rétroactive à notre égard, mais le problème demeure entier. L'infrastructure montréalaise est à refaire et chaque fois que les pelles mécaniques prendront d'assaut un nouveau secteur de la ville, les mêmes gens se rempliront les poches et les mêmes gens se les feront vider.

Les travaux sont inévitables, bien sûr, mais avons-nous vraiment le droit de regarder les commerçants faire faillite ou perdre des portions importantes de leurs revenus en faisant mine de rien? Ce n'est pas moi: ce n'est pas grave?

Depuis des mois maintenant, c'est l'avenue du Parc qui est impassable; bientôt ce sera la rue Bleury, la rue Saint-Laurent «en bas» et il y aura toute une série de nouvelles victimes! Il est grand temps que les autorités arrêtent de penser qu'une municipalité a le «droit» de mettre des gens dans la rue et de «bardasser» des vies sans avoir de comptes à rendre. Tout le monde est payé, les politiciens, les cols blancs et bleus, les ingénieurs, les entrepreneurs, quel que soit le déroulement de l'aventure. Que les travaux soient à temps, en retard, bien faits, mal faits, que l'on commence ou recommence, peu importe, tout le monde aura droit à sa juste rémunération... sauf les commerçants et les gens qui travaillent dans ces commerces incapables de fonctionner.

Si les autorités ont le droit légal de priver les contribuables de la juste «jouissance» des lieux qu'ils occupent et du droit de gagner leur vie de manière normale, ils n'ont certainement pas le droit moral de le faire.

Faudrait arrêter les voeux pieux, arrêter de «nous comprendre et de compatir» et faire quelque chose de concret, en commençant peut-être par des exemptions de taxes pendant que les pelles sont dans nos vitrines et que nos rues sont impassables.

Il serait temps de trouver des vraies solutions à ce problème qui va aller en empirant. Plein de petits commerçants (qui ne sont jamais représentés quand toutes ces décisions sont prises) ont déjà fermé boutique et sont disparus dans la brume. Si l'infrastructure est ce qu'elle est aujourd'hui, c'est que les politiciens et les planificateurs qui prenaient les décisions à travers les années, ont plutôt mal fait leur travail.

Faudrait peut-être arrêter de laisser les commerçants porter l'odieux de tout ça et d'agir comme si c'était parfaitement normal que bon nombre de «petits commerces» disparaissent à jamais parce qu'on refait les égouts.