Au plan économique, la position des étudiants ne tient pas la route.

Avec les hausses annoncées de scolarité, dans cinq ans, les étudiants paieront  le niveau qu'ils auraient atteint s'ils avaient été indexés au coût de la vie depuis 1968. Comme en 1968, les étudiants seront responsables d'environ 17% du coût de leur éducation en 2017 (contre 12,7% présentement). En termes du revenu personnel par habitant, les frais de scolarité de 1968 représentaient plus de 20% de ce revenu. On estime qu'en 2017, les frais de scolarité représenteront moins de 10% du revenu personnel par habitant.

L'éducation universitaire n'est pas un bien comme un autre, c'est un investissement. Et cet investissement est surtout rentable à ceux qui le réalisent. Une étude récente du CIRANO montre qu'un diplôme du premier cycle rapporte après impôt un rendement annuel de  15% aux hommes et 20% aux femmes, net de l'inflation. Ceci est plus élevé que le rendement sur n'importe quel titre financier de risque comparable. Et ces résultats sont stables à travers le temps.

Si on augmente les droits de scolarité au niveau de ceux de l'Ontario, ce qui est davantage que ce que vise la proposition gouvernementale, ces taux de rendement deviennent 14% et 17%, ce qui demeure fort élevé.

Les étudiants rétorqueront qu'on peut aller chercher ce montant dans la poche des diplômés universitaires. Oui, s'ils demeurent au Québec, mais ceci n'est pas le cas de tous. De fait, les diplômés anglophones sont plus susceptibles de quitter le Québec que les diplômés francophones.  Or le taux de rendement  d'un anglophone du  Québec qui y étudie puis qui déménage en Ontario augmente de huit points de pourcentage et devient 23% pour les hommes et 28% pour les femmes. Une politique de bas droits de scolarité revient en partie à faire financer cette mobilité par les immobiles, soit les francophones unilingues. Et comme la fréquentation universitaire augmente avec le revenu des parents,  c'est faire payer par les ouvriers les études des mieux nantis.

Le régime de bourses a été modifié et les hausses seront pleinement compensées, et même plus, si on tient compte de tous les avantages fiscaux ce qui est de nature à assurer l'accessibilité à toutes les classes de la société.  Un régime de prêts dans le cadre d'un remboursement proportionnel au revenu renforcerait cette accessibilité dans la mesure où acquitter ses prêts d'étude serait conditionnel aux capacités de rembourser des ex-étudiants. Dans un système RPR, le risque des études est largement supporté par l'État.

Cette hausse des droits de scolarité n'est pas un caprice de gouvernement. C'est la réalité de nos finances publiques qui s'impose et la nécessité d'assurer que nos universités demeurent compétitives au niveau mondial.

L'argument plus convaincant des étudiants est de rejoindre les autres avec le «pas dans ma poche, pas dans ma cour». Si on n'intervient pas pour protéger  nos intérêts, l'intérêt des autres prévaudra.   Il faudra un jour comprendre que ce jeu n'est pas à somme nulle et qu'il finira par nous appauvrir tous.  Dommage que les étudiants ne songent pas à faire les choses autrement...

Et pendant ce temps, Madona a vendu en 25 minutes, 16 000 billets au prix unitaire variant entre 70 et 300 $.  Il faut s'interroger sérieusement sur les valeurs des Québécois.