«La CAQ aidera la souveraineté», a soutenu le député François Rebello, au sortir d'une rencontre avec le chef François Legault où il a annonçait qu'il quittait le Parti québécois pour se joindre à la Coalition avenir Québec.

Cette déclaration a surpris ceux qui croyaient que François Legault créait une coalition pouvant servir d'alternative «fédéraliste» au gouvernement libéral du Québec. Une alternative souhaitée par une fraction importante de l'électorat à la recherche d'un changement de gouvernement qui ne conduit pas, à plus ou moins brève échéance, à un changement de pays.

Ces partisans devraient s'interroger sur les gestes de François Legault, une fois qu'il serait élu premier ministre du Québec. Là encore, M. Rebello ne peut être plus clair à l'égard de la position constitutionnelle de son nouveau chef lorsqu'il ajoute, avec candeur, que «la CAQ est le meilleur instrument pour faire avancer la souveraineté». Et M. Legault d'ajouter que «la porte de la souveraineté reste ouverte», contredisant ainsi ses positions antérieures.

Pour un parti qui veut faire de la politique autrement, c'est mal parti. Rien pour réduire le cynisme de la population.

Mais ce n'est pas tout.

Lorsqu'on connaît les volte-face de François Legault, on peut imaginer une démarche encore plus cynique. Une fois au pouvoir, pourquoi ne pas provoquer une bonne bataille avec le gouvernement fédéral sur un sujet sensible - la langue, la culture -, créant ainsi une crise constitutionnelle et ... «des conditions référendaires gagnantes». Exit la promesse de ne pas tenir de référendum: ce sera évidemment la faute d'Ottawa.

Comme parlementaire et ministre, j'ai vécu quotidiennement la ferveur indépendantiste de François Legault. En mai 2005, il publiait «son» budget de l'an 1 d'un Québec indépendant. Il prévoyait, sans rire, dégager un surplus de 17 milliards dans un Québec séparé, pour les cinq années à venir. Ce miracle découlait, disait-il, du fait que le gouvernement fédéral collectait plus d'argent au Québec qu'il n'en dépensait. C'était faux en 2005 et encore plus en 2012.

Selon les derniers comptes nationaux publiés par l'Institut de la statistique du Québec, le gouvernement fédéral a dépensé au Québec, de 2006 à 2010, 56 milliards de plus - vous avez bien lu - en biens, services et transferts au gouvernement du Québec qu'il y n'y a collecté en impôts et taxes. Un écart de 73 milliards par rapport aux prévisions du comptable Legault.

La crise économique et financière internationale a et aura des répercussions importantes pour le Québec, qui doit emprunter de 17 à 18 milliards par année. La première question de ces investisseurs à François Legault: voulez-vous faire la séparation du Québec? Oui ou non? Réponse: oui mais... pas dans le présent mandat. Pas rassurant du tout pour des acheteurs d'obligations.

La démarche de François Legault est évidente: convaincre autant les fédéralistes que les séparatistes qu'il incarne «le changement», sans préciser lequel.

On comprend la confusion des citoyens à l'égard de ses propositions touchant les services publics. Mais c'est beaucoup plus inquiétant en matière constitutionnelle. Une fois élu, il aurait toute la marge de manoeuvre pour embarquer les Québécois dans une nouvelle «cage à homards» référendaire.