Je suis profondément choquée par ce nouvel accommodement «déraisonnable» que constitue le port du hijab pour les gardiennes de prison et ce, encore davantage en regard de la comparaison que vous avez faite.

D'entrée de jeu, je tiens à préciser que je ne suis adepte d'aucune religion. Vous comparez le port du voile à celui de la croix des chrétiens. Quelle comparaison boiteuse!

La croix, que je sache, est portée aussi bien par les hommes que par les femmes et ne comporte donc aucun caractère de domination des premiers sur les secondes, ou d'infériorité des uns par rapport aux autres.

En est-il ainsi pour le voile? Bien évidemment non. La femme seule est objet de péché et peut provoquer l'homme. Faut-il vous le rappeler - demandez-le à la députée libérale Fatima Houda-Pépin, qui fut mon professeur à l'université -, le port du voile n'est pas inscrit dans le Coran (l'infériorité des femmes le serait par exemple). Si les hommes le revêtaient également, c'est curieux, mais cela me dérangerait beaucoup moins. Pourquoi pas la main de Fatima au cou ou un croissant pour afficher ses convictions?

La lutte des femmes en Occident en a été une de longue haleine et elle doit encore se poursuivre (je frémis de ce que le gouvernement conservateur peut encore faire). Il est insupportable de voir affiché tout symbole d'inégalité des femmes dans la sphère publique et les prisons, que je sache, sont concernées par ce qualificatif.

Le hijab est devenu un symbole politico-religieux dans un islam expansionniste et revendicateur. Pour moi, il évoque l'infériorité de la femme, son inégalité dans tant de domaines (répudiation, polygamie, héritière inférieure, mariage forcé). C'est la négation de toutes les luttes que nos mères et mes compagnes ont menées. Surtout, ne déduisez pas que je hais les musulmans, j'en compte comme amis, et certains sont aussi outrés que moi devant certains faits et gestes.

Choquée, je le suis également par le fait de mettre des écouteurs à une petite fille pour qu'elle n'écoute pas de la musique. Quelle horreur! Est-ce par la stigmatisation que l'on veut amener la socialisation, l'intégration? De la musique, quel drame vraiment! Quel type de société veut-on pour le Québec de demain? Voilà un autre accommodement déraisonnable, tout comme le serait ou le sont le retrait en éducation physique, en biologie, les heures de piscine séparées, etc. À chaque fois, c'est la femme en moi qui est bouleversée, choquée. Nos gains vont-ils s'effacer?

De grâce, cessons ces accommodements déraisonnables (ici sont visées toutes les religions) et bâtissons une politique laïque cohérente plutôt que des arrangements à la pièce.

Désolée, mais pour moi, toutes les valeurs ne sont pas égales, certaines en transcendent d'autres et il en est ainsi de l'égalité des sexes et du droit de chacun à son intégrité physique. Il faut faire passer la liberté de religion en second plan et donc ramener cette dernière à la sphère privée.

Une des façons d'établir une grille d'approche pourrait être: ce symbole, cette tenue, cette conduite, cette action visent-ils les femmes et les hommes également? Si la réponse est non, il n'y a pas d'accommodement possible dans la vie publique.

L'inaction, la mollesse de ce gouvernement nous ramènent dans des heures bien sombres pour les femmes. L'égalité des sexes n'est-elle qu'une valeur de surface pour notre société?