On parle beaucoup ces temps-ci des commotions cérébrales dans les sports: hockey, football, water-polo... On veut resserrer les règlements et les faire mieux appliquer, rendre les équipements plus sécuritaires et conscientiser les athlètes. Tout cela est excellent. Mais il faut se rappeler que les commotions cérébrales dans les sports mentionnés sont le résultat soit de coups déloyaux, soit d'accidents.

Or, pendant que l'on cherche à réduire le nombre de commotions cérébrales dans certains sports, on continue de glorifier la boxe dont le but consiste à frapper l'adversaire et dont le meilleur coup, le KO, consiste à l'assommer, ce qui, dans bien des cas, provoque une commotion cérébrale. Ici, la commotion cérébrale n'est plus le résultat d'un coup illicite ou d'un accident mais du coup par excellence de ce sport. Et tout le monde semble trouver cela normal. On qualifie la boxe de «noble art» et on s'en sert même pour réhabiliter les jeunes en difficulté; on les encourage à se frapper à la tête pour sortir des ornières sociales ou familiales. D'un côté, on voudrait, avec raison, éliminer les commotions cérébrales et, de l'autre, on en fait la promotion. Il y a là un double standard qu'il convient de dénoncer.

Les grands boxeurs ont laissé dans leur sillage plusieurs handicapés et un certain nombre de morts. Au nom de quelles valeurs encourage-t-on des athlètes à blesser intentionnellement et impunément leurs adversaires? La boxe, malgré les exploits de ceux qui la pratique, est par son but même un sport immoral qu'une société civilisée ne devrait pas tolérer.