À la retraite depuis deux ans, je vois maintenant le système de santé par l'autre bout de la lorgnette et, pourtant, mon opinion n'a pas changé.

Lorsque je travaillais, j'ai milité pour faire changer les choses. J'ai souvent invité le directeur de l'établissement à sortir de son bureau pour suivre un membre du personnel pendant une journée. Bien sûr, trop occupé par différents comités, il a toujours refusé.

Aujourd'hui, je vous invite à sortir de votre tour d'ivoire et à mettre le nez en dehors de vos comités pour suivre un patient (qui, soit dit en passant, mérite très bien son nom) dans les dédales du système. Depuis juillet 2010, mon conjoint, qui a un problème pulmonaire connu, éprouve de plus en plus de difficultés. Heureusement, nous avons un médecin de famille disponible, mais il faut à l'occasion rencontrer des spécialistes, environ trois mois d'attente à chaque fois. C'est long quand on manque d'air. Alors, quand la situation se détériore trop, il reste une solution: l'urgence.

Environ neuf heures d'attente, mais on espère que par la suite, le médecin prendra le temps de nous évaluer de façon appropriée. C'est peine perdue.

Je suis sûre que si vous vous présentez à l'urgence, M. Bolduc, il n'y aura aucune attente pour vous. Si vous dites que notre système de santé s'améliore, laissez-moi être en désaccord avec vous.

J'ai vu des personnes à l'urgence qui attendent, attendent et attendent. J'ai vu du personnel débordé tenter d'améliorer un peu les choses. Est-ce que c'est ce que nous voulons pour notre système de santé? Maintenant que nous avons travaillé toute notre vie, que nous avons payé des impôts et des taxes, peut-on espérer que tout l'argent investi serve à obtenir des services adéquats?

Se faire dire comme il y a quelques jours, que c'est l'automne, que tout le monde est fatigué, donc essoufflé, que tout le monde a un pouls de 35 battements par minute parce qu'il y a moins de soleil à l'extérieur, c'est faire rire de nous. Car à ce compte, je vous annonce que toute la population du Québec est en hibernation. J'espère que ça vous donnera le temps d'améliorer les services.

Donc, je vous retrouverai au printemps. En attendant, sur les conseils prodigués par le médecin de l'urgence la dernière fois, je vais accompagner mon conjoint dans sa caverne pour hiberner.

En espérant qu'on se réveille au printemps. Je vous souhaite un bel hiver.