À la suite d'une chirurgie cardiaque majeure en août 2008, mon frère qui habite Paris était venu à Montréal. À son arrivée et le lendemain encore, il souffrait de déséquilibre.

À la suite d'une chirurgie cardiaque majeure en août 2008, mon frère qui habite Paris était venu à Montréal. À son arrivée et le lendemain encore, il souffrait de déséquilibre.

Je lui propose d'aller à une clinique sans rendez-vous ou à l'urgence. Il me regarde étonné et envoie un courriel à son médecin de famille. À peine 35 minutes plus tard, il avait sa réponse: deux lignes -- et un document attaché de trois pages avec des schémas lui expliquant les exercices à faire. Ce qu'il a fait, réglant ainsi son problème.

Où que mon frère soit, il est à portée d'un clic de son médecin de famille, qui dispose de son dossier médical, non pas d'un ramassis de feuilles dans une filière centralisée, mais d'un dossier électronique bien structuré à portée d'un simple clic.

Entre deux patients, son médecin a dû prendre moins de deux minutes pour bien identifier mon frère, jeter un coup d'oeil sur son dossier médical, sélectionner le document dans sa banque de références et l'expédier.

À l'opposé d'une visite en personne pour laquelle il doit payer un certain montant, ce service dont il doit savoir user, et non pas abuser, lui est fourni gratuitement. Mais c'est surtout un service très rassurant.

Pour le médecin, il peut offrir plus de services dans une journée et supporter une clientèle plus importante. Cela augmente ses revenus même si une consultation électronique lui rapporte beaucoup moins qu'une consultation en personne. Il limite ainsi ses consultations en personne aux cas plus importants et peut ainsi leur accorder plus de temps, avec la satisfaction de mieux faire son travail et de mieux suivre sa clientèle.

Pour la sécurité sociale, la RAMQ française, cela lui permet de mieux répondre à la demande en contrôlant la croissance des coûts. Cela s'appelle améliorer la productivité.

Cette pratique n'est pas encore généralisée en France, mais c'est la tendance, tout à fait en ligne avec l'article paru dans La Presse du 9 avril dernier intitulé «La télémédecine a la cote en Suisse».

Nos médecins, comme la majorité d'entre nous, utilisent l'internet pour faire leurs transactions bancaires, payer des comptes, faire des achats. La plupart des professionnels (comptables, avocats, agents immobiliers...) ont su étendre et mieux servir leur clientèle en utilisant le net. Pourquoi n'en serait-il pas de même pour nos médecins?

L'initiative Elodoc («L'internet en remède aux urgences», La Presse, 17 août) est excellente. La télémédecine n'en est qu'à ses débuts, mais c'est la bonne direction, qu'il faut développer et apprendre à maîtriser.

Par contre, la réaction du ministre de la Santé, Yves Bolduc est décevante, pour ne pas dire pitoyable.

Sous le titre «La santé en retard d'une révolution», le chroniqueur Alain Dubuc, dans La Presse du 29 janvier 2010, écrivait: «Les technologies de l'information et des communications ont bouleversé nos sociétés. Cette grande révolution a transformé notre mode de vie.» Au ministère de la Santé, «ce qui constitue une priorité pour une majorité de la population, le temps s'est arrêté quelque part dans les années 70». C'est un exemple de plus.

Notre système de santé fait face à de nombreux défis, apprendre à faire mieux et à moindre coût est un impératif, mais comme son ministère, le ministre Bolduc est en retard d'une révolution.