Le maire Gérald Tremblay profite de l'émoi causé par l'effondrement du tunnel Viger pour mettre de l'avant sa proposition d'un péage régional, sinon provincial, afin d'éponger le coût de l'entretien du réseau routier. Sa proposition, en plus de dévier l'attention de l'effondrement des finances de la ville, repose sur deux principes fallacieux.

Le maire Gérald Tremblay profite de l'émoi causé par l'effondrement du tunnel Viger pour mettre de l'avant sa proposition d'un péage régional, sinon provincial, afin d'éponger le coût de l'entretien du réseau routier. Sa proposition, en plus de dévier l'attention de l'effondrement des finances de la ville, repose sur deux principes fallacieux.

Le premier, c'est qu'on peut prélever des taxes plus facilement en les associant à une dépense spécifique à laquelle la population souscrit. Ce fut le cas de la taxe olympique, c'est le cas de la taxe dite «d'amusement», c'est le cas aussi de la taxe sur l'essence et, depuis le 1er juillet 2011, de la taxe à l'immatriculation pour les automobilistes montréalais. Ce principe ne tient pas la route (!) quand on le considère dans le contexte plus général de la gestion des finances publiques.

Il est clair que toutes ces ponctions dans la poche des contribuables se fondent dans le budget municipal ou provincial et qu'il devient difficile de les retracer dans les dépenses spécifiques réelles. Par contre, il est clair que les sommes amassées grâce à ces subterfuges permettent d'éviter d'ouvrir le débat sur la réduction d'autres dépenses souvent démesurées. Par exemple, les 32 millions de dollars que notre bon maire prétend recevoir grâce à sa taxe à l'immatriculation auraient-ils pu être économisés en réduisant les coûts associés à l'entretien d'une structure qui repose sur 19 mairies et près de 300 élus qui cherchent tous le meilleur moyen de dépenser les sous des contribuables?

Le deuxième principe, c'est que les automobilistes et camionneurs doivent à eux seuls supporter le fardeau de coût du système routier et que l'accroissement de ce fardeau les découragera de l'utilisation de leurs véhicules au profit des transports en commun et du vélo (j'ai hâte de voir comment Métro, Loblaws, Wal-Mart et compagnie vont s'accommoder de l'autobus et du vélo pour approvisionner leurs magasins...)

Nos élus oseraient-ils nous révéler combien de dollars ont été versés annuellement par les automobilistes et camionneurs en taxes et redevances reliées directement à l'acquisition, l'immatriculation, l'assurance, l'entretien, l'utilisation (permis de conduire, essence, péages, contraventions...) sans nécessairement avoir été réinvestis dans le réseau routier? Et comment MM. Tremblay, Bergeron et Ferrandez remplaceront-ils ces revenus lorsqu'ils auront remporté leur combat et que tous les automobilistes québécois seront convertis au BIXI?

Notre bon maire évite aussi de parler du principe de «l'utilisateur-payeur» auquel il a substitué celui de «l'utilisateur-pollueur». Puisqu'il réfère aussi souvent au transport en commun ne serait-il pas pertinent que les usagers paient davantage un juste prix pour le service qu'ils utilisent? Et que dire des cyclistes?

Tout comme l'illusionniste qui détourne l'attention du spectateur pour faire disparaître quelque chose, le maire Tremblay serait-il en train d'utiliser l'effondrement du tunnel Viger pour détourner l'attention des contribuables et faire disparaître son incapacité de gérer correctement le budget municipal?