Je n'ai pas eu l'occasion de visionner l'entrevue de Wajdi Mouawad à laquelle vous faites allusion dans votre chronique («Le Québec selon Wajdi Mouawad»), mais je m'imagine très bien la chose.

Je n'ai pas eu l'occasion de visionner l'entrevue de Wajdi Mouawad à laquelle vous faites allusion dans votre chronique («Le Québec selon Wajdi Mouawad»), mais je m'imagine très bien la chose.

Comme M. Mouawad, je suis arrivé au Québec à l'âge de 15 ans. Comme M. Mouawad, je viens du Liban, pays francophone et même francophile dans l'avant-guerre. Comme M. Mouawad, j'étais premier de classe en composition, rédaction et littérature française. Finalement, comme M. Mouawad, je me suis retrouvé déraciné et dépaysé en arrivant au Canada en 1970, d'autant plus que la xénophobie qui régnait au Québec dans ce temps m'a vu refuser l'accès à l'éducation francophone que mes parents et moi recherchions pour me renvoyer à l'école anglaise qui elle, était heureuse de me recevoir. Je ne parlais pas un traître mot d'anglais.

Je connais les Wajdi Mouawad de ce monde pour les avoir côtoyés toute ma vie au Liban et même au Québec. Ce petit snobisme prétentieux et précieux du Libanais est en lui-même une caricature bien dépeinte par tous les humoristes libanais et français. «Mooooouuuuaaaa, je sssuis un libané et je sssuis supppérieur à tout le moooonde, parce que vous saveeeeez, le Liban c'était comme le Paris ou le Monaco du Moyen-Orient ma chèèèère!» Pire encore pour les Wajdi de ce monde, ils se pensent très proches des Français, alors qu'en fait, ces derniers se fichent des Libanais à longueur de journée et trouvent qu'ils sont beaucoup trop nombreux en France.

Mouawad est de ces Libanais qui ont tout à enseigner et rien apprendre, oui. Mouawad s'imagine que les Français apprécient ce genre de caricature venant d'un Libanais, soit. Tant pis pour lui.  

Là ou vous me perdez M. Lagacé, c'est que M. Mouawad a tout autant le droit de se plaindre et de nous critiquer que tout autre Québécois. Vous lui demandez pourquoi il demeure ici? Il est ici chez lui. Au même titre que vous, au même titre que n'importe quel médiocre comédien ou artiste ou journaliste ou pseudo-intellectuel «de souche» qui nous traite de «gang de suiveux» ou «de peuple de colonisés» ou «de gang de soumis» ou «d'hostie de caves». Falardeau, Elvis Gratton, ça vous dit quelque chose? Ces gens-là, on les renvoie où? C'est là que votre coté envieux se pointe bien malgré vous et franchement, il est aussi laid que le snobisme de Wajdi Mouawad.

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Patrick Lagacé répond: Wadji Tremblay?



Wajdi Mouawad, grâce à son talent, est sollicité partout. Je suis étonné de le voir rester dans une société qu'il décrit comme étant un repaire de Cro-Magnon incapables de réflexion. J'aurais écrit la même chronique s'il s'était appelé Wajdi Tremblay.

Patrick Lagacé