Le verdict dans le cas de Guy Turcotte semble en étonner plus d'un. J'ai également été surprise. J'ai été victime en août 2009 d'une tentative de meurtre dans des circonstances similaires, soit une attaque à l'arme blanche en pleine nuit par quelqu'un que je connaissais très bien: mon conjoint de l'époque avec qui je vivais depuis plusieurs années. Il a également été trouvé criminellement non-responsable pour cause de troubles mentaux, mais sans procès puisque les deux experts dans le dossier s'entendaient sur son état mental au moment des faits. Comme dans le cas de M. Turcotte, mon ex-conjoint ne présentait pas de signes de maladie mentale avant (ni après). Il réussissait très bien dans la vie, rien ne présageait un tel acte. Selon les évaluations psychiatriques, il était dépressif et anxieux. Il a eu un «moment d'égarement» qui a duré environ une heure, soit le temps qu'a durée l'agression. Il se rappelle des faits, il se rappelle avoir commis l'agression, aucun black-out.

Le verdict dans le cas de Guy Turcotte semble en étonner plus d'un. J'ai également été surprise. J'ai été victime en août 2009 d'une tentative de meurtre dans des circonstances similaires, soit une attaque à l'arme blanche en pleine nuit par quelqu'un que je connaissais très bien: mon conjoint de l'époque avec qui je vivais depuis plusieurs années. Il a également été trouvé criminellement non-responsable pour cause de troubles mentaux, mais sans procès puisque les deux experts dans le dossier s'entendaient sur son état mental au moment des faits. Comme dans le cas de M. Turcotte, mon ex-conjoint ne présentait pas de signes de maladie mentale avant (ni après). Il réussissait très bien dans la vie, rien ne présageait un tel acte. Selon les évaluations psychiatriques, il était dépressif et anxieux. Il a eu un «moment d'égarement» qui a duré environ une heure, soit le temps qu'a durée l'agression. Il se rappelle des faits, il se rappelle avoir commis l'agression, aucun black-out.

En tant que future avocate, je comprends totalement les raisons d'un tel verdict et je ne le remets pas en cause (dans les deux cas). Toutefois, en tant que victime, je crois qu'ils sont tous deux coupables de ne pas avoir demandé de l'aide. Surtout dans mon cas puisque je sais que deux médecins avaient déjà recommandé à mon ex-conjoint de consulter un psychiatre étant donné des signes sévères d'anxiété et d'hypocondrie. Le sentiment d'injustice dans une telle situation ne peut pas s'atténuer par un verdict, quel qu'il soit. Mais, je ne pardonnerai jamais cette inaction.

Cela dit, je suis inquiète quant à la suite des choses. Le Tribunal administratif du Québec prend en charge le suivi des cas de non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux. Ils sont évalués périodiquement par la Commission d'examen des troubles mentaux. Lors de l'audition de mon ex-conjoint devant la Commission en mars 2010, soit sept mois après l'agression, il a été libéré avec comme simples conditions de demeurer à une adresse connue, ne pas communiquer avec la victime et de suivre le plan de traitement de son médecin. Le tout avec une bénédiction de la psychiatre principale de l'hôpital pour qu'il reprenne son emploi dans les meilleurs délais. Il ne représentait pas un grave danger pour la société. Je fus consternée.

Je ne crois pas qu'il y ait eu de failles dans le système, tout s'est passé normalement. Toutefois, en tant que victime et même de citoyenne, je me pose des questions. Comment se fait-il que quelqu'un qui fait une psychose grave au point de le pousser à commettre un crime ne représente plus de danger? Comment pouvons-nous, en tant que société, être convaincus qu'une telle crise ne se reproduira pas? J'imagine qu'une personne qui a une maladie mentale diagnostiquée bénéficiera d'un suivi et devra prendre des médicaments. Or, dans ce cas-ci, aucune maladie mentale nécessitant un traitement à long terme n'a été diagnostiquée. Je m'inquiète donc de leur dangerosité à long terme, lorsque tout cela sera loin derrière eux. Qu'est-ce qui nous assure que cette «expérience» fera en sorte qu'ils iront consulter pour obtenir de l'aide s'ils se retrouvent dans une situation similaire afin de prévenir un acte aussi grave?

Je crois que nous devons nous interroger face à ces «nouveaux» cas de non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux.