L'affaire Dominique Strauss-Kahn (DSK) est pour la classe politique française dans son ensemble un véritable poison dont la diffusion exerce des effets durables. C'est d'abord le Parti socialiste qui est dans l'embarras. Pour ses principaux dirigeants, l'affaire est une source changeante de préoccupations. Il a fallu d'abord, pour certains «strausskahniens», assurer le désarroi, puis au moment où ils annonçaient leur choix pour d'autres candidats que Martine Aubry, liée à DSK par un pacte, apprendre soudain que celui-ci allait passer du statut de coupable à celui de victime.

L'affaire Dominique Strauss-Kahn (DSK) est pour la classe politique française dans son ensemble un véritable poison dont la diffusion exerce des effets durables. C'est d'abord le Parti socialiste qui est dans l'embarras. Pour ses principaux dirigeants, l'affaire est une source changeante de préoccupations. Il a fallu d'abord, pour certains «strausskahniens», assurer le désarroi, puis au moment où ils annonçaient leur choix pour d'autres candidats que Martine Aubry, liée à DSK par un pacte, apprendre soudain que celui-ci allait passer du statut de coupable à celui de victime.

Martine Aubry, qui a toujours maintenu un contact réel avec DSK, a elle aussi dû gérer une situation délicate à partir du moment où la situation se renversait. Candidate elle aussi à la primaire socialiste, avec de très solides atouts, il lui a fallu affirmer nettement qu'elle ne reculerait pas, et irait au bout de sa candidature, puis indiquer que DSK lui-même lui avait affirmé par téléphone ne pas envisager de se présenter devant les électeurs de gauche. Au moment où elle se lance, va à la rencontre des Français, prononce des discours sur le fond, les médias la sollicitent sur un tout autre terrain, celui d'une actualité qui éloigne du débat sur les grands enjeux des futures échéances électorales. Et la difficulté est pour elle aggravée du fait des appels, pourtant irréalistes, demandant à DSK de se présenter.

François Hollande, lui, est également perturbé dans sa campagne. L'affaire DSK lui rend difficile de tenter de prendre de la hauteur, et il est d'autant plus gêné qu'une jeune femme, Tristane Banon, qui accuse DSK d'avoir tenté de la violer en 2003, fait savoir que l'ancien premier Secrétaire du PS était au courant, ce qu'il nie. Bref, pour les deux principaux candidats, pour leurs supporters, comme pour les «strausskahniens», l'action politique est entravée ou pervertie par l'affaire DSK, et chaque rebondissement semble compliquer la donne, et empêcher de présenter des idées et des projets qui soient audibles.

Les difficultés, pour le PS, tiennent aussi aux dimensions de genre et de sexe de l'affaire, quel que soit son dénouement. Même si les poursuites visant DSK devaient être totalement abandonnées par la justice, en effet, il en subsistera l'image d'une personne à la sexualité débridée, et aux pratiques inacceptables de la part d'un homme politique de gauche. L'affaire a révélé le machisme qui caractérise une bonne partie des responsables politiques français, et DSK aura beaucoup à faire pour renverser l'hostilité de tous ceux, et toutes celles qui voient en lui son incarnation. Du coup, une certaine confusion semble avoir gagné l'opinion. La gauche, surtout, se montre ambivalente, à la fois favorable à DSK, et désireuse alors qu'il conserve un rôle politique à l'avenir, mais également ébranlée par son rapport, réel ou supposé, aux femmes et à l'argent.

Enfin, la droite et le pouvoir ne sont pas vraiment à l'aise. Certaines voix se sont levées pour évoquer la direction du groupe Accor, qui gère le Sofitel de New York, et pour la soupçonner d'avoir informé les services secrets français ou d'autres interlocuteurs proches de l'Élysée. Et alors même que le chef de l'État est en campagne pour tenter d'obtenir un second mandat, cette affaire place la morale au premier plan, et ne permet pas à la droite de se draper dans une quelconque dignité - les scandales récents concernant plusieurs ministres, par exemple, ne sont pas oubliés, loin de là.

Ainsi, au moment où la France devrait entrer dans une phase de débats et de réflexions portant sur d'importants enjeux, de politique intérieure comme internationale, une actualité qui confine vite au fait divers fait diversion, mobilise les esprits, agite les passions et suscite d'innombrables rumeurs. Au-delà de la gauche, et de la classe politique tout entière, c'est la société elle-même qui est déstabilisée et comme emportée par une affaire qui a cessé d'être une question de politique internationale - on ne parle plus de DSK et du FMI -, mais qui pourrit sa vie interne.