Je suis né à Montréal. J'ai grandi à Montréal. J'ai fait carrière ailleurs. À différents moments de ma vie, j'ai vécu hors de Montréal, hors du Québec, hors du Canada. Après 40 ans d'absence, un concours de circonstances m'a ramené vivre dans la maison de mes grands-parents au centre-ville de Montréal.

Je suis né à Montréal. J'ai grandi à Montréal. J'ai fait carrière ailleurs. À différents moments de ma vie, j'ai vécu hors de Montréal, hors du Québec, hors du Canada. Après 40 ans d'absence, un concours de circonstances m'a ramené vivre dans la maison de mes grands-parents au centre-ville de Montréal.

Je n'aime pas le bruit des courses automobiles. Le sport professionnel me déplait. Les concerts «R» (rock, rap, rave) me tombent sur les nerfs. J'étouffe dans les festivals qui rassemblent des centaines de personnes au mètre carré. La cohue au centre-ville m'énerve. Montréal de mon enfance, tu as bien changé.

Mais quelle ville extraordinaire, quand même!

Surtout quand un couple de jeunes Montréalais enlacés, elle aux yeux bridés et lui au teint espresso, me demande en français où se trouve le Centre canadien d'architecture. Ou le marché Atwater. Ou la Place Jacques-Cartier.

Ou quand mon conseiller municipal trouve 45 minutes, un samedi matin, pour me téléphoner afin de répondre à un courriel que je lui ai envoyé au sujet d'un projet de nature culturelle.

Ou quand des employés municipaux prennent de leur temps pour assister à des réunions d'une table intersectorielle de mon quartier et parlent avec enthousiasme de leurs projets pour sauvegarder le patrimoine ou encader l'itinérance.

Alors, je suis prêt à subir le vroum-vroum infernal des courses automobiles, la traversée périlleuse du boulevard René-Lévesque après les matchs du Canadien au Centre Bell, les festivals bruyants avant minuit, les fêtards «rock, rap, rave» qui chantent dans les rues après minuit, les bouts de rues fermées à la circulation (des bouts de rues qui changent chaque semaine), le bip-bip du camion d'ordures qui recule dans une ruelle sans issue, la difficulté de stationner la voiture quand on n'a pas la bonne vignette, les interpellations des itinérants qui semblent ne pas «itinérer» du tout, mais plutôt squatter les mêmes squares à longueur d'année. Et même les politiciens qui ne savent où donner de la tête et les dédales de la bureaucratie municipale quand il s'agit de restaurer une maison patrimoniale.

Car si Montréal ne vibrait pas, je ne voudrais pas y vivre.

Suis-je un masochiste en transit ou suis-je redevenu un Montréalais?